ZaoCantante congolese

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Avant tout, c'est l'humour qui caractérise le style de Zao. Mais plus qu'un simple amuseur, Zao est un révélateur des maux et des problèmes de son continent. Par le biais du rire et de l'ironie, il fait passer un message politisé et profondément ancré dans son époque.





C'est le 24 mars 1955 (53 ?) que naît Casimir Zoba à Goma Tsé-Tsé, un district de Brazzaville, capitale du Congo. La musique fait partie de son enfance puisque son père est un grand amateur de sanza, sorte de petit piano à touches métalliques. Comme de nombreux enfants en Afrique, Casimir fait son éducation musicale dans les chorales religieuses et les ballets traditionnels dès l'âge de 12 ans. C'est une révélation puisqu'au lycée, il devient membre de plusieurs groupes et ensembles dont les Adhérents ou les Gloria. Son enthousiasme pour la musique est tel que ses parents trouvent que les études y perdent un peu. De 1973 à 1975, Casimir dit Zao chante dans la très chrétienne chorale de l'Eglise des Trois Martyrs, histoire de le remettre un peu dans le droit chemin.


Instituteur

Mais, le naturel revient au galop puisque lorsqu'il a une vingtaine d'années, il est recruté par l'ensemble Les Anges, en tant que percussionniste. Sous régime marxiste, le Congo envoie ses groupes vedettes, dont Les Anges, chanter dans les pays "frères" : l'URSS, Cuba, la RDA, le Nigeria. En dépit de ce succès sur la scène musicale, Zao se destine à l'enseignement et intègre l'école normale des instituteurs en 1978.

Il continue parallèlement avec les Anges jusqu'au début des années 80, époque où il commence à chanter seul. Il ne tarde pas à être repéré puisqu'en 1982, Zao reçoit le prix Découverte de Radio France Internationale, en particulier grâce au titre "Sorcier ensorcelé". Le style Zao est jeté. Une forme très humoristique et très second degré qui habille des chansons aux thèmes parfois très sensibles, voire tabou en Afrique comme par exemple la sorcellerie. L'humour est sans aucun doute le pilier de son succès.


Combattant

Ce Prix est suivi dans la foulée du Prix de la meilleure chanson au Festival des musiques d'Afrique centrale en 1983. Cette fois, c'est la chanson "Corbillard" qui frappe le jury par son thème inhabituel. Dans ce texte, Zao raconte l'histoire d'un mort qui ne veut pas aller au cimetière et qui tente donc de convaincre son corbillard de ne pas l'y emmener ! Ce succès séduit le label français Barclay qui signe Zao l'année suivante. Un tout premier album sort en 84 sous le nom de "Ancien combattant", titre éponyme qui devient un des plus fameux morceaux du chanteur et son premier tube. Antimilitariste, cette chanson aborde un sujet tabou sous un angle caricatural et provocateur. A la fois engagé et burlesque, Zao se détache du paysage musical africain, et en particulier congolais, généralement plus dévoué au soukouss.

Ce premier album mène tout naturellement Zao vers Paris, même si, jamais il ne s'y installera vraiment, contrairement à d'autres musiciens africains. En 1985, il est invité du Festival Nord-Sud près de Paris. L'année suivante, il sort son deuxième album, "Soulard", et joue dans de nombreux petits clubs parisiens. Jusqu'à la fin des années 80, Zao sort un disque presque tous les ans. En 88, c'est "Moustique" qui renferme le titre "Apartheid", texte qui fustige à la façon de Zao le régime ségrégationniste encore en vigueur en Afrique du Sud à cette époque. Puis en 89, on retrouve son humour dévastateur avec l'album "Patron".

Fort de son succès, Zao devient producteur et se consacre en particulier à la musique traditionnelle de son pays. Au tout début des années 90, il produit un célèbre joueur de sanza, Antoine Moundanda.


Zao l'Africain

Il reprend la route en 91 avec une formation de 18 musiciens. On le voit alors au Bataclan de Paris en première partie du Zaïrois Ray Lema, dont Zao se sent proche, non par le style, mais par le fait d'avoir fait une autre musique que le soukouss congolais ou la rumba zaïroise la plus courante. Ils ont tous deux une passion pour les sons traditionnels et ont exploité d'autres routes musicales.

Il retrouve le Bataclan en décembre 93 à l'occasion de la sortie de son album "Zao". Tenté par les nouvelles technologies, il passe ses titres "Ancien combattant" et "Moustique" à la moulinette des remixes. Ces nouvelles versions modernisées ne sont pas toujours du goût de ses fans africains qui pourtant, se précipitent à chacun de ses passages. Zao tourne beaucoup en Afrique. Souvent affublé de déguisements, ses spectacles ravissent les foules. Le sida, les femmes, la bureaucratie, la corruption, Zao aborde nombreux sujets sensibles en Afrique. Mais grâce à son humour, le message passe.

Sa carrière se déroule surtout en Afrique et ses passages en Europe sont de plus en plus rares. En 97, c'est une tournée des CCF (Centres Culturels Français) qui accueille l'artiste (Bénin, Burkina Faso,.).

Novembre 98