Michel FUGAIN
Réchappé de l'aventure Big Bazar, entre foulard indien et "pattes d'eph", Michel Fugain n'a pas perdu son enthousiasme au fil de ses quelques 30 ans de carrière. Si le public reprend toujours avec bonheur les "Fais comme l'oiseau" ou "Une belle histoire", le chanteur quant à lui, tente d'imposer des chansons plus récentes. Pas facile de se débarrasser d'un passé si glorieux !
Michel Fugain est né le 12 mai 1942 à Grenoble dans les Alpes française. Son père qui fut résistant durant la Deuxième Guerre mondiale, est médecin de son métier. Le jeune Michel malgré des études secondaires peu brillantes, entreprend à son tour des études de médecine. A l'âge de vingt et an, il décroche pour se lancer dans le cinéma, sa vraie passion.
Grâce à une relation de son père, il débute directement comme assistant de metteur en scène. Mais c'est une rencontre avec un apprenti comédien qui va orienter différemment sa carrière. En effet, devenu très ami avec le jeune Michel Sardou, Fugain lui écrit quatre titres pour une audition chez Barclay, célèbre maison de disques française. Après cette épisode, il commence à écrire très régulièrement pour d'autres artistes comme Hugues Aufray, Hervé Vilard, Dalida et par la suite Marie Laforêt dont le producteur lui propose d'enregistrer un disque.
Un premier disque contenant quatre titres, avec notamment "Un pas devant l'autre", sort en 66. Après "Prends ta guitare", c'est en fait avec le titre "Je n'aurais pas le temps" que Fugain obtient un véritable succès en 67. A tel point d'ailleurs, qu'on lui commande l'hymne officiel des Jeux Olympiques d'Hiver de Grenoble en 1968. Peu à l'aise dans son habit de chanteur, il hésite encore avec un métier dans le cinéma. En 69, après un passage à l'Olympia à Paris en vedette, il fait une première pause dans sa carrière.
Les années Big Bazar
En 70, Michel Fugain revient sur le devant de la scène avec une comédie musicale "Un enfant dans la ville", suivi de l'album puis du film.
En pleine période baba-cool et post-soixante-huitarde, il décide de monter une troupe. Nous sommes en 72. Ce sont les débuts du très célèbre Big Bazar, soit onze musiciens-chanteurs-danseurs et quinze personnes en plus pour l'organisation. Jusqu'à la fin de l'année 76, la bande va écumer les routes de France et égrener quelques incontournables tubes comme "la Fête", "Fais comme l'oiseau", "Tout va changer" ou "les Acadiens". Leur succès est immense.
Après un début de décennie euphorique où les valeurs communautaires et entreprenantes pouvaient trouver leur place, la seconde partie des années 70 voit débarquer le mouvement punk et son "no future". Les mentalités changent et le Big Bazar paraît un peu décaler dans le paysage musical. Ce décalage est fortement ressenti au sein de la troupe et ses membres décident d'arrêter.
Michel Fugain se lance en 77 dans une aventure de grande envergure. Avec quelques membres du défunt Big Bazar, il organise une grande fête populaire au Havre en Normandie, "Juin dans la rue". Quelques 800 artistes se produisent devant 50.000 spectateurs et un disque est enregistré à cette occasion, sur lequel d'ailleurs, on trouve un titre devenu célèbre au fil du temps, "Chiffon rouge". Il prolonge cette expérience avec la "Compagnie Michel Fugain" pendant encore deux années.
Un peu désabusé, Michel Fugain trouve une nouvelle idée et va s'installer en 79, à Nice dans le sud de la France : il monte un atelier-école, au studio de la Victorine et aide des artistes en herbe à développer leur potentiel.
Deux ans plus tard, n'abandonnant pas pour autant ses activités auprès des jeunes, il se lance dans l'animation télé avec une émission "Fugue à Fugain". Il ne gardera pas un très bon souvenir de cette expérience.
Baisse de régime
En 82, il cesse d'exercer ses talents de pédagogue au studio de la Victorine et n'apparaît plus non plus sur le petit écran. Désireux de faire un peu le point sur sa vie professionnelle et de "prendre l'air", Michel Fugain décide de faire une nouvelle pause. Il voyage, paresse un peu et s'installe pour un moment aux Etats-Unis.
Pour la majorité du public, il est resté le leader du Big Bazar. Il est très difficile pour le chanteur de se débarrasser de cette image. Cela lui pèse un peu et le ramène toujours quelques années en arrière. Les gens du métier le considère comme un chanteur dépassé.
A court d'argent, il revient pourtant en 85 avec un 45 tours intitulé "la Fille de Rockfeller", titre qui devient un succès. L'année suivante, il rencontre un producteur du nom de Nicolas Dunoyer qui va l'aider à remonter la pente et à reconquérir le public. En 88, Michel Fugain sort un nouvel album intitulé "Des Rêves et du vent" avec notamment le titre "Viva la vida", écrit par un jeune auteur, Brice Homs. Plus de 100.000 exemplaires de l'album sont vendus.
Fort de ce renouveau artistique, Michel Fugain enchaîne dès l'année suivante, avec un autre album "Un café et l'addition", entièrement signé cette fois-ci, Homs.
Son passage à l'Olympia en 88 est d'après Fugain lui-même, un ratage car les références au Big Bazar sont trop présentes. Il faut attendre un nouveau concert à l'Olympia en 90, pour qu'il renouvelle totalement sa prestation scénique. Le public ne s'y trompe pas et voilà Fugain, reparti sur les routes de France.
Retour sur scène
En 92, il sort un nouvel album intitulé "Sucré-salé". Il signe la musique et laisse une fois de plus le champ libre à Brice Homs pour les textes. Disque d'ambiances, cet album est considéré comme l'album de la maturité. Avec un titre comme "la Forteresse", il démontre son talent d'interprète de belles mélodies "efficaces". L'année d'après, il passe une nouvelle fois à l'Olympia (sa salle fétiche) du 2 au 20 mars. En avril, c'est le festival du Printemps de Bourges qui l'accueille. La tournée à travers la France est très longue et compte plus de 150 dates.
En 95, Michel Fugain signe un nouveau contrat chez EMI, multinationale du disque chez qui il publie "Plus ça va". Produit et réalisé au Pays basque, ce nouvel album rassemble quelques belles plumes comme les fidèles Claude Lemesle et Brice Homs mais aussi le nouveau Sylvain Moraillon et le talentueux Kent mais cela donne quand même un résultat très personnel : "les Ronciers" ou l'enfance du chanteur, "Je et moi", "la Bête immonde", prise de position quasi politique de l'homme Fugain.
Toujours aussi passionné de scène, Michel Fugain entreprend une tournée de plus de 200 dates et passe notamment par le festival des Francofolies à la Rochelle en juillet. Il en profite pour enregistrer un CD live avec entre autres, la participation de Maurane. En octobre 96, il se produit durant quatre semaines au Casino de Paris.
Toujours jeune
Mai 98 voit la sortie d'un 17ème album : "De l'air". Fidèle à ses amitiés, Michel Fugain a fait appel à ses auteurs favoris ainsi qu'aux musiciens qui l'accompagnent depuis quelques années. Comme il le dit lui-même, c'est le bon esprit qui règne dans cette équipe qui l'a poussé à entreprendre ce nouvel enregistrement. Après la sortie du simple "2000 ans et un jour", il part en tournée et se produit aussi à Paris, à l'Olympia, du 13 au 25 octobre.
Après avoir écrit "Français", l'album de Michel Sardou en 2000, il sort l'année suivante un nouvel album à 58 ans. Produit dans son propre studio, "Encore" comporte quelques onze morceaux dont la musique est écrite par Fugain et les paroles par des auteurs confirmés comme Claude Lemesle (le premier simple "Encore" a été écrit par lui) et Brice Homs ("L'eau qu'on boit" aux rythmes brésiliens qu'affectionne particulièrement le chanteur). Pour ce 18ème album, pas de changement notoire d'orientation musicale et un classicisme qui devrait plaire au public fidèle du chanteur.
Père de trois enfants, marié depuis plus de vingt ans, fidèle en amitié, Michel Fugain après avoir incarné l'enthousiasme des années 70, après être passé par quelques moments difficiles, semble prêt à défendre son métier, celui de chanteur français !
Mars 2001
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