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«On défend la Sainte Trinité : Marcel Ospel, Ernesto Bertarelli et Roger Federer», expliquent Michaël Perruchoud et Sébastien Couture. L’un est écrivain, l’autre chanteur. Le premier est Valaisan, le second Québécois. Et même pas naturalisé. Ils dirigent depuis quelques années la maison d’édition Cousu Mouche. Un soir de novembre dernier, alors qu’ils phosphoraient sur un manuscrit, ceux qui se décrivent comme des «emmerdeurs royaux» ont eu envie de s’éclater un peu.

Une guitare, un déguisement, une caméra et quelques bières plus tard : leur première chanson, Ratatata, était en boîte. Ratatata? «La Suisse fabrique des armes, il faut la soutenir. II en va de notre dignité de mâle sexué. Les armes sont l’apanage des hommes bien portants et il ne faut pas que la Suisse devienne un repaire de pacifistes impuissants et invertis», arguent‑ils le plus sérieusement du monde.

Pour dire la vérité, Michaël Perruchoud et Sébastien Couture avaient le blues. Ratatata constitue alors leur réponse, le sursaut patriotique de ce duo pas trop typique. «Entre la votation sur les exportations d’armes, celle sur les minarets et les élections genevoises, l’ambiance de cet automne n’incitait pas trop à l’humour et à la gaudriole, elle devenait même franchement puante.»

Sans parler des commentaires haineux postés sur les sites Internet des divers quotidiens locaux. «Ils exprimaient une telle haine, un tel mépris de l’autre, une intolérance suintante… On est des humanistes, ouverts aux autres et au débat. À partir du moment où l’on ne peut plus discuter, où tout est cadenassé par la haine ou l’idéologie, ça nous énerve beaucoup.»