Gagarin
Claudio BaglioniVersion française – JE SUIS GAGARINE, FILS DE LA TERRE – Marc... | |
SONO GAGARIN, IL FIGLIO DELLA TERRA di Evgenij Aleksandrovič Evtušenko Sono Gagarin, il figlio della terra Io sono Gagarin. Per primo ho volato, e voi volaste dopo di me. Sono stato donato per sempre al cielo, dalla terra, come il figlio dell’umanità. In quell'aprile i volti delle stelle, che gelavano senza carezze, coperte di muschio e di ruggine, si riscaldarono per le lentiggini rossigne di Smolensk salite al cielo. Ma le lentiggini sono tramontate. Quanto mi è terribile non restare che un bronzo, che un’ombra, non poter carezzare né l’erba, né un bambino, né far scricchiolare il cancelletto d’un giardino. Da sotto la nera cicatrice del timbro postale vi sorrido io con il sorriso ch’è volato via. Ma osservate bene cartoline e francobolli e capirete subito: per l’eternità io sono in volo. Mi applaudivano le mani dell’intera umanità. La gloria tentava di sedurmi, ma no, non c’è riuscita. Sulla terra mi sono schiantato, quella che per primo ho visto tanto piccola, e la terra non me l’ha perdonata. Ma io perdono la terra, sono figlio suo, in spirito e carne, e per i secoli prometto di continuare il mio volo al di sopra dei bombardamenti, delle tele-radiomenzogne, che la stringono con le loro volute, al di sopra delle donnaccole che baldanzosamente ballano lo streep-tease per i soldati nel Vietnam, al di sopra della tonsura del frate che vorrebbe volare, ma è imbarazzato dalla sottana, al di sopra della censura che nella sua tonacaccia, inghiottì in Spagna le ali dei poeti… C’è chi è in volo nel simun vorticoso di stelle. C’è chi si dibatte nella palude da se stesso voluta. Uomini, o uomini ingenui spacconi, pensate: non vi fa paura alzarvi dal Capo che porta il nome dell’uomo che avete ucciso? Vergognatevi di questo baccano da mercato! Voi siete gelosi, rapaci, vendicativi. Come potete cadere tanto in basso se volate tanto in alto?! Io sono Gagarin, figlio della Terra, figlio dell’umanità: sono russo, greco e bulgaro, australiano e finlandese. Vi incarno tutti col mio slancio verso i cieli. Il mio nome è casuale, ma io non sono stato per caso. Mentre la terra s’insozzava di vanità e di peccato, il mio nome cambiava, ma l’anima no. Mi chiamavano Icaro. Giacqui nella polvere, nella cenere. Mi aveva spinto verso il sole il buio della terra. La cera si sciolse, spargendosi qua e là. Caddi senza salvezza, ma un pizzico di sole rimase stretto nella mia mano. Mi chiamarono servo. La rabbia mi pesava sulla schiena mentre, ritmando il tempo con le mani e coi piedi, danzavano sul mio corpo. Io caddi sotto le bastonate, ma, maledicendo la servitù, mi costruii delle ali coi bastoni dei miei torturatori! Ad Odessa fui Utockin. Fece uno scarto il duca, quando al di sopra dei suoi pantaloncini a piffero si levò un cavallo volante. Sotto il nome di Nesterov girando sopra la terra, feci innamorare la luna col mio giro della morte. La morte fischiava sulle ali. È una virtù disprezzarla e con Gastello imberbe mi gettai in volo sul nemico. E le ali temerarie ardendo come un rogo, hanno protetto, voi che foste allora ragazzi, Aldrin, Collins, Armstrong. E, sicuro della speranza che gli uomini sono un’unica famiglia, dell’equipaggio di Apollo invisibile io ero. Mangiammo dai tubetti, avremmo brindato in viaggio come sull’Elba, ci abbracciammo sulla Galassia. Il lavoro procedeva senza scherzi. Era in gioco la vita e con lo stivale di Armstrong io scesi sulla Luna. | JE SUIS GAGARINE, FILS DE LA TERRE Fils de la terre, je suis Gagarine, Oui, je suis Gagarine. Le premier, j’ai volé, Et après moi, vous volerez. Enfant de l’humanité, La terre m’a donné Pour toujours aux cieux. Ce mois d’avril radieux, Les visages des étoiles, sans caresses, gelés, Couverts de rouille et de mousse, Se sont réchauffés À mes lentilles ambrées De Smolensk au ciel montées. Mes éphélides ne sont plus là Et il est terrible pour moi De n’être plus qu’un bronze, un ancien aléa, De ne plus caresser ni l’herbe, ni un sapin, Ni faire grincer la grille du jardin. Sous la cicatrice noire du timbre, Je vous souris De mon sourire qui s’est tari. Regardez bien les cartes et les timbres Et vous comprendrez à l’instant : Que pour l’éternité à présent, Je suis en vol permanent. Applaudi des mains de l’humanité entière, La gloire a essayé de me séduire, Mais ça n’a pas marché. Je me suis écrasé sur la terre, Que j’avais vue si petite à mes pieds, Elle n’a pu me le pardonner, Moi, je pardonne à la terre, Je suis son fils, en esprit et en chair, Et pour des siècles, je fais serment De continuer à survoler Les bombardements, Les mensonges des télés Qui l’enserrent de leurs arabesques, Au-dessus des filles qui dansent Leur strip-tease de dames Pour les soldats du Vietnam. Au-dessus de la tonsure Du moine Qui voudrait voler, gêné par sa soutane, Au-dessus de la censure Qui en Espagne étouffa les poètes sous son voile, Il y a ceux qui volent Dans le simoun vertigineux des étoiles. Et il y a ceux qui se débattent Dans le marais qu’ils ont voulu. Des hommes, ô des hommes, Vantards ingénus, Pensez : n’êtes-vous pas inquiétés Par les noms des hommes que vous avez tués ? Ayez honte de cette rumeur de marché ! Vous êtes des jaloux, Des rapaces ou De voraces hiboux, Comment tomber si bas quand si haut vous volez ? Je suis Gagarine, fils de la Terre, Enfant de l’humanité : Je suis russe, grec et bulgare, Australien, finnois, émigré. Je vous incarne tous dans Mon élan vers le ciel. Mon nom est accidentel, Mais je n’étais pas un accident. Alors que la terre s’encrassait De vanité et de déchets, Changeait mon nom, Mais mon âme, non. Ils m’appelaient Icare. Je gis dans la poussière, dans les cendres. La terre noyée d’obscurité, Vers le soleil, m’avait poussé. La cire a fondu, et résidu, Je suis tombé sans salut, Mais du soleil, un brin Est resté dans ma main. Esclave, ils m’appelaient. La colère sur mon dos pesait Des mains et des pieds, battant la cadence, Sur mon corps, ils dansent. Je tombe sous leurs gnons, Maudissant leurs fers, Je me fais des ailes des bâtons De mes tortionnaires ! J’étais Utockin à Odessa, Le Duc eut un recul, Quand de ses culottes ridicules, Un cheval ailé s’envola. Sous le nom de Nesterov, alors, Avec ses boucles de la mort, Tournant au-dessus de la poudreuse, Je fis tomber la lune amoureuse La mort siffla sur mes ailes encor. C’est une vertu de la mépriser Et comme Gastello aux joues claires, Sur l’ennemi, je me suis jeté Et mes ailes téméraires Brûlant comme un bûcher, ont protégé, Vous qui étiez encore à ce moment Aldrin, Collins, Armstrong, des enfants. Et moi, membre invisible et secret De l’équipage d’Apollo au complet Et sûr de l’espoir discret Que les hommes sont une seule famille, On mangea des pastilles, Et pendant le voyage, on trinqua Comme sur l’Elbe, autrefois, Et sur fond de la Galaxie, on s’embrassa. Le travail se fit sans parlotte, La vie était en jeu, trop de danger, Et finalement, Armstrong avec sa botte, Sur la lune posa mon pied. |