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Thomas Sankara: Discours devant l’assemblée générale de l’ONU le 4 octobre 1984

LA CCG NUMERO 30000 / AWS NUMBER 30000 / LA CCG N° 30000 / SVL NRO 30000
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THOMAS SANKARA: DISCOURS DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ONU LE 4 OCTOBRE 1984

Monsieur le Président, Monsieur le secrétaire Général,

Honorables représentants de la Communauté internationale

Je viens en ces lieux vous apporter le salut fraternel d’un pays de 274000 km², où sept millions d’enfants, de femmes et d’hommes, refusent désormais de mourir d’ignorance, de faim, de soif, tout en n’arrivant pas à vivre véritablement depuis un quart de siècle d’existence comme Etat souverain, siégeant à l’ONU.

Je viens à cette Trente-neuvième session vous parler au nom d’un peuple qui, sur la terre de ses ancêtres, a choisi, dorénavant de s’affirmer et d’assumer son histoire, dans ses aspects positifs, comme dans ses aspects négatifs, sans complexe aucun.

Je viens enfin, mandaté par le Conseil National de la Révolution (CNR) du Burkina Faso, pour exprimer les vues de mon peuple concernant les problèmes inscrits à l’ordre du jour, et qui constituent la trame tragique des évènements qui fissurent douloureusement les fondements du monde en cette fin du vingtième siècle. Un monde où l’humanité est transformée en cirque, déchirée par les luttes entre les grands et les semi-grands, battue par les bandes armées, soumise aux violences et aux pillages. Un monde où des nations, se soustrayant à la juridiction internationale, commandent des groupes hors-la-loi, vivant de rapines, et organisant d’ignobles trafics, le fusil à la main.

Monsieur le Président

Je n’ai pas ici la prétention d’énoncer des dogmes. Je ne suis ni un messie ni un prophète. Je ne détiens aucune vérité. Ma seule ambition est une double aspiration : premièrement, pouvoir, en langage simple, celui de l’évidence et de la clarté, parler au nom de mon peuple, le peuple du Burkina Faso ; deuxièmement, parvenir à exprimer aussi, à ma manière, la parole du “Grand peuple des déshérités”, ceux qui appartiennent à ce monde qu’on a malicieusement baptisé Tiers Monde. Et dire, même si je n’arrive pas à les faire comprendre, les raisons que nous avons de nous révolter.

Tout cela dénote de l’intérêt que nous portons à l’ONU, les exigences de nos droits y prenant une vigueur et la rigueur de la claire conscience de nos devoirs.

Nul ne s’étonnera de nous voir associer l’ex Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, à ce fourre-tout méprisé, le Tiers Monde, que les autres mondes ont inventé au moment des indépendances formelles pour mieux assurer notre aliénation culturelle, économique et politique. Nous voulons nous y insérer sans pour autant justifier cette gigantesque escroquerie de l’Histoire. Encore moins pour accepter d’être “l’arrière monde d’un Occident repu”. Mais pour affirmer la conscience d’appartenir à un ensemble tricontinental et admettre, en tant que non-alignés, et avec la densité de nos convictions, qu’une solidarité spéciale unit ces trois continents d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique dans un même combat contre les mêmes trafiquants politiques, les mêmes exploiteurs économiques.

Reconnaître donc notre présence au sein du Tiers Monde c’est, pour paraphraser José Marti, “affirmer que nous sentons sur notre joue tout coup donné à n’importe quel homme du monde”. Nous avons jusqu’ici tendu l’autre joue. Les gifles ont redoublées. Mais le cœur du méchant ne s’est pas attendri. Ils ont piétiné la vérité du juste. Du Christ ils ont trahi la parole. Ils ont transformé sa croix en massue. Et après qu’ils se soient revêtus de sa tunique, ils ont lacéré nos corps et nos âmes. Ils ont obscurci son message. Ils l’ont occidentalisé cependant que nous le recevions comme libération universelle. Alors, nos yeux se sont ouverts à la lutte des classes. Il n’y aura plus de gifles.

Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus là. Pas de développement en dehors de cette rupture.

Du reste, tous les nouveaux “maîtres-à-penser” sortant de leur sommeil, réveillés par la montée vertigineuse de milliards d’hommes en haillons, effrayés par la menace que fait peser sur leur digestion cette multitude traquée par la faim, commencent à remodeler leurs discours et, dans une quête anxieuse, recherchent une fois de plus en nos lieu et place, des concepts-miracles, de nouvelles formes de développement pour nos pays. Il suffit pour s’en convaincre de lire les nombreux actes des innombrables colloques et séminaires.

Loin de moi l’idée de tourner en ridicule les efforts patients de ces intellectuels honnêtes qui, parce qu’ils ont des yeux pour voir, découvrent les terribles conséquences des ravages imposés par lesdits “spécialistes” en développement dans le Tiers Monde. La crainte qui m’habite c’est de voir les résultats de tant d’énergies confisquées par les Prospéro de tout genre pour en faire la baguette magique destinée à nous renvoyer à un monde d’esclavage maquillé au goût de notre temps.

Cette crainte se justifie d’autant plus que la petite bourgeoisie africaine diplômée, sinon celle du Tiers Monde, soit par paresse intellectuelle, soit plus simplement parce qu’ayant goûté au mode de vie occidental, n’est pas prête à renoncer à ses privilèges. De ce fait, elle oublie que toute vraie lutte politique postule un débat théorique rigoureux et elle refuse l’effort de réflexion qui nous attend. Consommatrice passive et lamentable, elle se regorge de vocables fétichisés par l’Occident comme elle le fait de son whisky et de son champagne, dans ses salons à l’harmonie douteuse.

On recherchera en vain depuis les concepts de négritude ou d’”African Personality” marqués maintenant par les temps, des idées vraiment neuves issues des cerveaux de nos “grands” intellectuels. Le vocabulaire et les idées nous viennent d’ailleurs. Nos professeurs, nos ingénieurs et nos économistes se contentent d’y adjoindre des colorants parce que, des universités européennes dont ils sont les produits, ils n’ont ramené souvent que leurs diplômes et le velours des adjectifs ou des superlatifs.

Il est nécessaire, il est urgent que nos cadres et nos travailleurs de la plume apprennent qu’il n’y a pas d’écriture innocente. En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà trop tard, que ces élites, ces hommes de l’Afrique, du Tiers Monde, reviennent à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur société, à la misère dont nous avons hérité pour comprendre non seulement que la bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n’est pas vaine, mais qu’ils peuvent devenir crédibles sur le plan international, qu’en inventant réellement, c’est-à-dire, en donnant de leurs peuples une image fidèle. Une image qui leur permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l’exploitation étrangères qui livrent nos Etats à la seule perspective de la faillite.

C’est ce que nous avons perçu, nous, peuple burkinabè, au cours de cette nuit du 4 août 1983, aux premiers scintillements des étoiles dans le ciel de notre Patrie. Il nous fallait prendre la tête des jacqueries qui s’annonçaient dans les campagnes affolées par l’avancée du désert, épuisées par la faim et la soif et délaissées. Il nous fallait donner un sens aux révoltes grondantes des masses urbaines désoeuvrées, frustrées et fatiguées de voir circuler les limousines des élites aliénées qui se succédaient à la tête de l’Etat et qui ne leur offraient rien d’autre que les fausses solutions pensées et conçues par les cerveaux des autres. Il nous fallait donner une âme idéologique aux justes luttes de nos masses populaires mobilisées contre l’impérialisme monstrueux. A la révolte passagère, simple feu de paille, devait se substituer pour toujours la révolution, lutte éternelle contre la domination.

D’autres avant moi ont dit, d’autres après moi diront à quel point s’est élargi le fossé entre les peuples nantis et ceux qui n’aspirent qu’à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et conserver leur dignité. Mais nul n’imaginera à quel point ” le grain du pauvre a nourri chez nous la vache du riche”.

Dans le cas de l’ex Haute Volta, le processus était encore plus exemplaire. Nous étions la condensation magique, le raccourci de toutes les calamités qui ont fondu sur les pays dits “en voie de développement”. Le témoignage de l’aide présentée comme la panacée et souvent trompetée, sans rime ni raison, est ici éloquent. Très peu sont les pays qui ont été comme le mien inondés d’aides de toutes sortes. Cette aide est en principe censée œuvrer au développement. On cherchera en vain dans ce qui fut autrefois la Haute-Volta, les signes de ce qui peut relever d’un développement. Les hommes en place, soit par naïveté, soit par égoïsme de classe, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu maîtriser cet afflux extérieur, en saisir la portée et exprimer des exigences dans l’intérêt de notre peuple.

Analysant un tableau publié en 1983 par le Club du Sahel, Jacques Giri dans son ouvrage “Le Sahel Demain”, conclut avec beaucoup de bon sens que l’aide au Sahel, à cause de son contenu et des mécanismes en place, n’est qu’une aide à la survie. Seuls, souligne-t-il, 30 pour cent de cette aide permet simplement au Sahel de vivre. Selon Jacques Giri, cette aide extérieure n’aurait d’autres buts que de continuer à développer les secteurs improductifs, imposant des charges intolérables à nos petits budgets, désorganisant nos campagnes, creusant les déficits de notre balance commerciale, accélérant notre endettement.

Juste quelques clichés pour présenter l’ex Haute-Volta :
– 7 millions d’habitants, avec plus de 6 millions de paysannes et de paysans
– Un taux de mortalité infantile estimé à 180 pour mille
– Une espérance de vie se limitant à 40 ans
– Un taux d’analphabétisme allant jusqu’à 98 pour cent, si nous concevons l’alphabétisé comme celui qui sait lire, écrire et parler une langue.
– Un médecin pour 50000 habitants
– Un taux de scolarisation de 16 pour cent
– et enfin un produit intérieur brut par tête d’habitant de 53356 francs CFA soit à peine plus de 100 dollars.

Le diagnostic à l’évidence, était sombre. La source du mal était politique. Le traitement ne pouvait qu’être politique.

Certes nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. Mais en général, la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous désorganiser, à nous asservir, à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel.

Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques.

Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance. Tel est notre programme politique.

Au plan de la gestion économique, nous apprenons à vivre simplement, à accepter et à nous imposer l’austérité afin d’être à même de réaliser de grands desseins.

Déjà, grâce à l’exemple de la Caisse de solidarité nationale, alimentée par des contributions volontaires, nous commençons à répondre aux cruelles questions posées par la sécheresse. Nous avons soutenu et appliqué les principes d’Alma-Ata en élargissant le champ des soins de santé primaires. Nous avons fait nôtre, comme politique d’Etat, la stratégie du GOBI FFF, préconisée par l’UNICEF.

Par l’intermédiaire de l’Office du Sahel des Nations Unies (OSNU), nous pensons que les Nations unies devraient permettre aux pays touchés par la sécheresse la mise sur pied d’un plan moyen et long termes afin de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.

Pour préparer le vingt et unième siècle, nous avons, par la création d’une tranche spéciale de la Tombola, “Instruisons nos enfants”, lancé une campagne immense pour l’éducation et la formation de nos enfants dans une école nouvelle. Nous avons lancé à travers l’action salvatrice des Comités de Défense de la Révolution un vaste programme de construction de logements sociaux, 500 en trois mois, de routes, de petites retenues d’eau etc… Notre ambition économique est d’œuvrer pour que le cerveau et les bras de chaque burkinabè puissent au moins lui servir à inventer et à créer de quoi s’assurer deux repas par jour et de l’eau potable.

Nous jurons, nous proclamons, que désormais au Burkina Faso, plus rien ne se fera sans la participation des burkinabè. Rien qui n’ait été au préalable décidé par nous, élaboré par nous. Il n’y aura plus d’attentat à notre pudeur et à notre dignité.

Forts de cette certitude, nous voudrions que notre parole s’élargisse à tous ceux qui souffrent dans leur chair, tous ceux qui sont bafoués dans leur dignité d’homme par un minorité d’hommes ou par un système qui les écrase.

Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom du Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.

Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire ou qu’ils sont de culture différente et bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal.

Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.

Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.

Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. Pour ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes les suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil de l’État et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.

Je parle au nom des mères de nos pays démunis, qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.

Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre, qui a faim et qui louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une vitre épaisse. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier, placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que représentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.

Je parle au nom des artistes (poètes, peintres, sculpteur, musiciens, acteurs), hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations de show-business.

Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge pour ne pas subir les dures lois du chômage.

Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage modernes.

Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes. C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim.

Militaire, je ne peux oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort.

Enfin, je veux m’indigner en pensant aux Palestiniens qu’une humanité inhumaine a choisi de substituer à un autre peuple, hier encore martyrisé. Je pense à ce vaillant peuple palestinien, c’est-à-dire à ces familles atomisées errant de par le monde en quête d’un asile. Courageux, déterminés, stoïques et infatigables, les Palestiniens rappellent à chaque conscience humaine la nécessité et l’obligation morale de respecter les droits d’un peuple : avec leurs frères juifs, ils sont antisionistes.

Aux côtés de mes frères soldats de l’Iran et de l’Irak, qui meurent dans une guerre fratricide et suicidaire, je veux également me sentir proche des camarades du Nicaragua dont les ports sont minés, les villes bombardées et qui, malgré tout, affrontent avec courage et lucidité leur destin. Je souffre avec tous ceux qui, en Amérique latine, souffrent de la mainmise impérialiste.

Je veux être aux côtés des peuples afghan et irlandais, aux côtés des peuples de Grenade et de Timor Oriental, chacun à la recherche d’un bonheur dicté par la dignité et les lois de sa culture.

Je m’élève ici au nom des tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre. Oui je veux donc parler au nom de tous les “laissés pour compte” parce que “je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger”.

Notre révolution au Burkina Faso est ouverte aux malheurs de tous les peuples. Elle s’inspire aussi de toutes les expériences des hommes depuis le premier souffle de l’Humanité. Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde, de toutes les luttes de libération des peuples du Tiers Monde. Nous sommes à l’écoute des grands bouleversements qui ont transformé le monde. Nous tirons des leçons de la révolution américaine, les leçons de sa victoire contre la domination coloniale et les conséquences de cette victoire. Nous faisons nôtre l’affirmation de la doctrine de la non-ingérence des Européens dans les affaires américaines et des Américains dans les affaires européennes. Ce que Monroe clamait en 1823, « L’Amérique aux Américains », nous le reprenons en disant « l’Afrique aux Africains », « Le Burkina aux Burkinabè ». La Révolution française de 1789, bouleversant les fondements de l’absolutisme, nous a enseigné les droits de l’homme alliés aux droits des peuples à la liberté. La grande révolution d’octobre 1917 a transformé le monde, permis la victoire du prolétariat, ébranlé les assises du capitalisme et rendu possible les rêves de justice de la Commune française.

Ouverts à tous les vents de la volonté des peuples et de leurs révolutions, nous instruisant aussi de certains terribles échecs qui ont conduits à de tragiques manquements aux droits de l’homme, nous ne voulons conserver de chaque révolution, que le noyau de pureté qui nous interdit de nous inféoder aux réalités des autres, même si par la pensée, nous nous retrouvons dans une communauté d’intérêts.

Monsieur les Président,

Il n’y a plus de duperie possible. Le Nouvel Ordre Economique Mondial pour lequel nous luttons et continuerons à lutter, ne peut se réaliser que :
– si nous parvenons à ruiner l’ancien ordre qui nous ignore,
– si nous imposons la place qui nous revient dans l’organisation politique du monde,
– si, prenant conscience de notre importance dans le monde, nous obtenons un droit de regard et de décision sur les mécanismes qui régissent le commerce, l’économie et la monnaie à l’échelle planétaire.

Le Nouvel Ordre Economique international s’inscrit tout simplement, à côté de tous les autres droits des peuples, droit à l’indépendance, au libre choix des formes et de structures de gouvernement, comme le droit au développement. Et comme tous les droits des peuples, il s’arrache dans la lutte et par la lutte des peuples. Il ne sera jamais le résultat d’un acte de la générosité d’une puissance quelconque.

Je conserve en moi la confiance inébranlable, confiance partagée avec l’immense communauté des pays non-alignés, que sous les coups de boutoir de la détresse hurlante de nos peuples, notre groupe va maintenir sa cohésion, renforcer son pouvoir de négociation collective, se trouver des alliés parmi les nations et commencer, de concert avec ceux qu peuvent encore nous entendrez, l’organisation d’un système de relations économiques internationales véritablement nouveau.

Monsieur le Président,

Si j’ai accepté de me présenter devant cette illustre assemblée pour y prendre la parole, c’est parce que malgré les critiques qui lui sont adressées par certains grands contributeurs, les Nations Unies demeurent la tribune idéale pour nos revendications, le lieu obligé de la légitimité des pays sans voix.

C’est cela qu’exprime avec beaucoup de justesse notre Secrétaire général lorsqu’il écrit : “L’organisation des Nations Unies est unique en ce qu’elle reflète les aspirations et les frustrations de nombreux pays et gouvernements du monde entier. Un de ses grands mérites est que toutes les Nations, y compris celles qui sont faibles, opprimées ou victimes de l’injustice, (il s’agit de nous), peuvent, même lorsqu’elles sont confrontées aux dures réalités du pouvoir, y trouver une tribune et s’y faire entendre. Une cause juste, même si elle ne rencontre que revers ou indifférence, peut trouver un écho à l’Organisation des Nations Unies ; cet attribut de l’Organisation n’est pas toujours prisé, mais il n’en est pas moins essentiel”.

On ne peut mieux définir le sens et la portée de l’Organisation.

Aussi est-il, pour chacun de nous, un impératif catégorique de consolider les assises de notre Organisation, de lui donner les moyens de son action. Nous adoptons en conséquence, les propositions faîtes à cette fin par le Secrétaire Général, pour sortir l’Organisation des nombreuses impasses, soigneusement entretenues par le jeu des grandes puissances afin de la discréditer aux yeux de l’opinion publique.

Monsieur le Président,

Reconnaissant les mérites mêmes limités de notre Organisation, je ne peux que me réjouir de la voir compter de nouveaux adhérents. C’est pourquoi la délégation burkinabè salue l’entrée du 159ème membre de notre Organisation : l’Etat du Brunei Daressalam.

C’est la déraison de ceux entre les mains desquelles la direction du monde es tombée par le hasard des choses qui fait l’obligation au Mouvement des pays non alignés, auquel je l’espère, se joindra bientôt l’Etat du Brunei Darussalam, de considérer comme un des objectifs permanents de sa lutte, le combat pour le désarmement qui est un des aspects essentiels et une condition première de notre droit au développement.

Il faut, à notre avis des études sérieuses prenant en compte tous les éléments qui ont conduit aux calamités qui ont fondu sur le monde. A ce titre, le Président Fidel Castro en 1979, a admirablement exprimé notre point de vue à l’ouverture du sixième sommet des Pays non alignés lorsqu’il déclarait : “Avec 300 milliards de dollars, on pourrait construire en un an 600000 écoles pouvant recevoir 400 millions d’enfants ; ou 60 millions de logements confortables pour 300 millions de personnes ; ou 30000 hôpitaux équipés de 18 millions de lits ; ou 20000 usines pouvant employer plus de 20 millions de travailleurs ou irriguer 150 millions d’hectares de terre qui, avec les moyens techniques adéquats pourraient alimenter un milliard de personnes…”

En multipliant aujourd’hui ce chiffre par 10, je suis certainement en deçà de la réalité, on réalise ce que l’Humanité gaspille tous les ans dans le domaine militaire, c’est-à-dire contre la paix.

On perçoit aisément pourquoi l’indignation des peuples se transforme rapidement en révolte et en révolution devant les miettes qu’on leur jette sous la forme ignominieuse d’une certaine “aide”, assortie de conditions parfois franchement abjectes. On comprend enfin pourquoi dans le combat pour le développement, nous nous désignons comme des militants inlassables de la paix.

Nous faisons le serment de lutter pour atténuer les tensions, introduire les principes d’une vie civilisée dans les relations internationales et les étendre à toutes les parties du monde. Ce qui revient à dire que nous ne pouvons assister passifs, au trafic des concepts.

Nous réitérons notre résolution d’être des agents actifs de la paix ; de tenir notre place dans le combat pour le désarmement ; d’agir enfin dans la politique internationale comme le facteur décisif, libéré de toute entrave vis-à-vis de toutes les grandes puissances, quels que soient les projets de ces dernières.

Mais la recherche de la paix va de pair avec l’application ferme du droit des pays à l’indépendance, des peuples à la liberté et des nations à l’existence autonome. Sur ce point, le palmarès le plus pitoyable, le plus lamentable _ oui, le plus lamentable_ est détenu au Moyen Orient en termes d’arrogance, d’insolence et d’incroyable entêtement par un petit pays, Israël, qui, depuis, plus de vingt ans, avec l’inqualifiable complicité de son puissant protecteur les Etats-Unis, continue à défier la communauté internationale.

Au mépris d’une histoire qui hier encore, désignait chaque Juif à l’horreur des fours crématoires, Israël en arrive à infliger à d’autres ce qui fut son propre calvaire. En tout état de cause, Israël dont nous aimons le peuple pour son courage et ses sacrifices d’hier, doit savoir que les conditions de sa propre quiétude ne résident pas dans sa puissance militaire financée de l’extérieur. Israël doit commencer à apprendre à devenir une nation comme les autres, parmi les autres.

Pour l’heure, nous tenons à affirmer du haut de cette tribune, notre solidarité militante et agissante à l’endroit des combattants, femmes et hommes, de ce peuple merveilleux de la Palestine parce que nous savons qu’il n’y a pas de souffrance sans fin.

Monsieur, le Président,

Analysant la situation qui prévaut en Afrique sur les plans économique et politique, nous ne pouvons pas ne pas souligner les graves préoccupations qui sont les nôtres, face aux dangereux défis lancés aux droits des peuples par certaines nations qui, sûres de leurs alliances, bafouent ouvertement la morale internationale.

Certes, nous avons le droit de nous réjouir de la décision de retrait des troupes étrangères au Tchad, afin que le Tchadiens entre eux, sans intermédiaire, cherchent les moyens de mettre fin à cette guerre fratricide, et donner enfin à ce peuple qui n’en finit pas de pleurer depuis de nombreux hivernages, les moyens de sécher ses larmes. Mais, malgré les progrès enregistrés çà et là par les peuples africains dans leur lutte pour l’émancipation économique, notre continent continue de refléter la réalité essentielle des contradictions entre les grandes puissances, de charrier les insupportables apories du monde contemporain.

C’est pourquoi nous tenons pour inadmissible et condamnons sans recours, le sort fait au peuple du Sahara Occidental par le Royaume du Maroc qui se livre à des méthodes dilatoires pour retarder l’échéance qui, de toute façon, lui sera imposée par la volonté du peuple sahraoui. Pour avoir visité personnellement les régions libérées par le peuple sahraoui, j’ai acquis la confirmation que plus rien désormais ne saurait entraver sa marche vers la libération totale de son pays, sous la conduite et éclairée du Front Polisario.

Monsieur le Président,

Je ne voudrais pas trop m’étendre sur la question de Mayotte et des îles de l’Archipel malgache. Lorsque les choses sont claires, lorsque les principes sont évidents, point n’est besoin d’élaborer. Mayotte appartient aux Comores. Les îles de l’archipel sont malgaches.

En Amérique Latine, nous saluons l’initiative du Groupe de Contadora, qui constitue une étape positive dans la recherche d’une solution juste à la situation explosive qui y prévaut. Le commandant Daniel Ortega, au nom du peuple révolutionnaire du Nicaragua a fait ici des propositions concrètes et posé des questions de fond à qui de droit. Nous attendons de voir la paix s’installer dans son pays et en Amérique Centrale, le 15 octobre prochain et après le 15 octobre et nous prenons à témoin l’opinion publique mondiale.

De même que nous avons condamné l’agression étrangère de l’île de Grenade, de même nous fustigeons toutes les interventions étrangères. C’est ainsi que nous ne pouvons pas nous taire face à l’intervention militaire en Afghanistan.

Il est cependant un point, mais dont la gravité exige de chacun de nous une explication franche et décisive. Cette question, vous vous en doutez, ne peut qu’être celle de l’Afrique du Sud. L’incroyable insolence de ce pays à l’égard de toutes les nations du monde, même vis-à-vis de celles qui soutiennent le terrorisme qu’il érige en système pour liquider physiquement la majorité noire de ce pays, le mépris qu’il adopte à l’égard de toutes nos résolutions, constituent l’une des préoccupations les plus oppressantes du monde contemporain.

Mais le plus tragique, n’est pas que l’Afrique du Sud se soit elle-même mise au banc de la communauté internationale à cause de l’abjection des lois de l’apartheid, encore moins qu’elle continue de maintenir illégalement la Namibie sous la botte colonialiste et raciste, ou de soumettre impunément ses voisins aux lois du banditisme. Non, le plus abject, le plus humiliant pour la conscience humaine, c’est qu’elle soit parvenue à “banaliser” le malheur de millions d’êtres humains qui n’ont pour se défendre que leur poitrine et l’héroïsme de leurs mains nues. Sûre de la complicité des grandes puissances et de l’engagement actif de certaines d’entre elles à ses côtés, ainsi que de la criminelle collaboration de quelques tristes dirigeants de pays africains, la minorité blanche ne se gêne pas pour ridiculiser les états d’âme de tous les peuples, qui, partout à travers le monde, trouvent intolérable la sauvagerie des méthodes en usage dans ce pays.

Il fut un temps où les brigades internationales se constituaient pour aller défendre l’honneur des nations agressées dans leur dignité. Aujourd’hui, malgré la purulence des plaies que nous portons tous à nos flancs, nous allons voter des résolutions dont les seules vertus, nous dira-t-on, seraient de conduire à résipiscence une Nation de corsaires qui “détruit le sourire comme la grêle tue les fleurs”.

Monsieur le Président,

Nous allons bientôt fêter le cent cinquantième anniversaire de l’émancipation des esclaves de l’Empire britannique. Ma délégation souscrit à la proposition des pays d’Antigua et de la Barbade de commémorer avec éclat cet événement qui revêt, pour les pays africains et le monde noir, une signification d’une très grande importance. Pour nous, tout ce qui pourra être fait, dit ou organisé à travers le monde au cours des cérémonies commémoratives devra mettre l’accent sur le terrible écot payé par l’Afrique et le monde noir, au développement de la civilisation humaine. Ecot payé sans retour et qui explique, sans aucun doute, les raisons de la tragédie d’aujourd’hui sur notre continent.

C’est notre sang qui a nourri l’essor du capitalisme, rendu possible notre dépendance présente et consolidé notre sous-développement. On ne peut plus escamoter la vérité, trafiquer les chiffres. Pour chaque Nègre parvenu dans les plantations, cinq au moins connurent la mort ou la mutilation. Et j’omets à dessein, la désorganisation du continent et les séquelles qui s’en sont suivies.

Monsieur le Président,

Si la terre entière, grâce à vous, avec l’aide du Secrétaire Général, parvient à l’occasion de cet anniversaire à se convaincre de cette vérité-là, elle comprendra pourquoi, avec toute la tension de notre être, nous voulons la paix entre les nations, pourquoi nous exigeons et réclamons notre droit au développement dans l’égalité absolue, par une organisation et une répartition des ressources humaines.

C’est parce que de toutes les races humaines, nous appartenons à celles qui ont le plus souffert, que nous nous sommes jurés, nous burkinabè, de ne plus jamais accepter sur la moindre parcelle de cette terre, le moindre déni de justice. C’est le souvenir de la souffrance qui nous place aux côtés de l’OLP contre les bandes armées d’Israël. C’est le souvenir de cette souffrance qui, d’une part, nous fait soutenir l’ANC et la SWAPO, et d’autre part, nous rend intolérable la présence en Afrique du Sud des hommes qui se disent blancs et qui brûlent le monde à ce titre. C’est enfin ce même souvenir qui nous fait placer l’Organisation des Nations Unies toute notre foi dans un devoir commun, dans un tâche commune pour un espoir commun.

Nous réclamons :
– Que s’intensifie à travers le monde la campagne pour la libération de Nelson Mandela et sa présence effective à la prochaine Assemblée générale de l’ONU comme une victoire de fierté collective.
– Que soit créé en souvenir de nos souffrances et au titre de pardon collectif un Prix international de l’Humanité réconciliée, décerné à tous ceux qui par leur recherche auraient contribué à la défense des droits de l’homme.
– Que tous les budgets de recherches spatiales soient amputés de 1/10000e et consacrés à des recherches dans le domaine de la santé et visant à la reconstitution de l’environnement humain perturbé par tous ces feux d’artifices nuisibles à l’écosystème

Nous proposons également que les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto. Bien sûr, les effets pervers de son usage abusif sont atténués par la vigilance de certains de ses détenteurs. Cependant, rien ne justifie ce droit : ni la taille des pays qui le détiennent ni les richesses de ces derniers.

Si l’argument développé pour justifier une telle iniquité est le prix payé au cours de la guerre mondiale, que ces nations, qui se sont arrogé ces droits, sachent que nous aussi nous avons chacun un oncle ou un père qui, à l’instar de milliers d’autres innocents arrachés au Tiers Monde pour défendre les droits bafoués par les hordes hitlériennes, porte lui aussi dans sa chair les meurtrissures des balles nazies. Que cesse donc l’arrogance des grands qui ne perdent aucune occasion pour remettre en cause le droit des peuples. L’absence de l’Afrique du Club de ceux qui détiennent le droit de veto est une injustice qui doit cesser.

Enfin ma délégation n’aurait pas accompli tous ses devoirs si elle n’exigeait pas la suspension d’Israël et le dégagement pur et simple de l’Afrique du Sud de notre organisation. Lorsque, à la faveur du temps, ces pays auront opéré la mutation qui les introduira dans la Communauté internationale, chacun de nous nous, et mon pays en tête, devra les accueillir avec bonté, guider leur premier pas.

Nous tenons à réaffirmer notre confiance en l’Organisation des Nations Unies. Nous lui sommes redevables du travail fourni par ses agences au Burkina Faso et de la présence de ces dernières à nos côtés dans les durs moments que nous t traversons.

Nous sommes reconnaissants aux membres du Conseil de Sécurité de nous avoir permis de présider deux fois cette année les travaux du Conseil. Souhaitons seulement voir le Conseil admettre et appliquer le principe de la lutte contre l’extermination de 30 millions d’êtres humains chaque année, par l’arme de la faim qui, de nos jours, fait plus de ravages que l’arme nucléaire.

Cette confiance et cette foi en l’Organisation me fait obligation de remercier le Secrétaire général, M. Xavier Pérez de Cuellar, de la visite tant appréciée qu’il nous a faite pour constater, sur le terrain, les dures réalités de notre existence et se donner une image fidèle de l’aridité du Sahel et la tragédie du désert conquérant.

Je ne saurai terminer sans rendre hommage aux éminentes qualités de notre Président (Paul Lusaka de Zambie) qui saura, avec la clairvoyance que nous lui connaissons, diriger les travaux de cette Trente-neuvième session.

Monsieur le Président,

J’ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis venu pour demander à chacun de vous que nous puissions mettre ensemble nos efforts pour que cesse la morgue des gens qui n’ont pas raison, pour que s’efface le triste spectacle des enfants mourant de faim, pour que disparaisse l’ignorance, pour que triomphe la rébellion légitime des peuples, pour que se taise le bruit des armes et qu’enfin, avec une seule et même volonté, luttant pour la survie de l’Humanité, nous parvenions à chanter en chœur avec le grand poète Novalis :

“Bientôt les astres reviendront visiter la terre d’où ils se sont éloignés pendant nos temps obscurs ; le soleil déposera son spectre sévère, redeviendra étoile parmi les étoiles, toutes les races du monde se rassembleront à nouveau, après une longue séparation, les vieilles familles orphelines se retrouveront et chaque jour verra de nouvelles retrouvailles, de nouveaux embrassement ; alors les habitants du temps jadis reviendront vers la terre, en chaque tombe se réveillera la cendre éteinte, partout brûleront à nouveau les flammes de la vie, le vieilles demeures seront rebâties, les temps anciens se renouvelleront et l’histoire sera le rêve d’un présent à l’étendue infinie”.

A bas la réaction internationale !

A bas l’impérialisme !

A bas le néocolonialisme !

A bas le fantochisme !

Gloire éternelle aux peuples qui luttent pour leur liberté !

Gloire éternelle aux peuples qui décident de s’assumer pour leur dignité !

Victoire éternelle aux peuples d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie qui luttent !

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

Je vous remercie.
Dear President

I bring the fraternal greetings of a country covering 274,000 square kilometres, where 7 million men, women and children refuse henceforth to die of ignorance, hunger and thirst, even though they are not yet able to have a real life, after a quarter of a century as a sovereign State represented here at the United Nations.

I come to this thirty-ninth session of the General Assembly to speak on behalf of a people which, on the land of its ancestors, has chosen from now on to assert itself and to taku responsibility for its own history, in both its positive and negative aspects, without any complexes.

I come here, mandated by the National Council of the Revolution of Burkina Faso, to express the views of my people on the problems that have been included on the General Assembly’s agenda, which form the tragic background of the events which are sadly undermining the foundations of the world late in this twentieth century. It is a world of chaos, in which the human race is tom apart by struggles between the great and the not-so-great, attacked by armed bands and subjected to violence and plunder. It is a world in which the nations, eluding international jurisdiction, command groups beyond the law, which, with gun in hand, live by preying on others and organizing the most despicable kinds of trafficking.

I do not intend to enunciate dogmas here. I am neither a messiah nor a prophet. I possess no truths. My only ambition is a twofold aspiration: first, to be able to speak in simple language, the language of facts and clarity, on behalf of my people, the people of Burkina Faso, and, secondly, to be able-to express in my own way the feelings or that mass of people who are disinherited—those who belong to that world maliciously dubbed “the third world”—and to state, even if I cannot make them understood, the reasons that have led us to rise up, all of which explains our interest in the United Nations, the demands of our rights drawing strength in the clear awareness of our duties.

Nobody will be surprised to hear us associate the former Upper Volta, now Burkina Faso, with that despised rag-bag, the third world, which the other worlds invented at the time of our independence in orde: better to ensure our intellectual, cultural, economic and political alienation. We want to fit in there without at all justifying this great swindle of history, still less accepting that we are a backward world left behind by the West. Rather, we do so to affirm our awareness of belonging to a three-continent whole and to state, as one of the non-aligned countries, our deeply felt conviction that a special solidarity unites the three continents of Asia, Latin America and Africa in the same battle against the same political traffickers and economic exploiters.

Thus to recognize our presence in the third world is, to paraphrase José Marti, to affirm that we feel on our cheek every blow struck against every other man in the world. So far, we have turned the other cheek. The slaps in the face have been redoubled and the evil-doers have felt no tenderness in their hearts. They have trampled on the truth of the just. They have betrayed the word of Christ. They have turned His cross into a club, and after putting on His robe they have tom our bodies and souls to shreds. They have obscured His message, making it a Western one, whereas we saw it as a message of universal liberation. Now our eyes have been opened to the class struggle and there will be no more blows dealt against us. It must be proclaimed that there will be no salvation for our peoples unless we turn our backs completely on all the models that all the charlatans of that type have tried to sell us for 20 years. There can be no salvation for us unless we reject those models; there can be no development without that break.

Now all the new “master minds” are awakening, roused by the dizzy increase of millions of men in rags and frightened by the threat to their digestion of this multitude hounded by hunger. They are beginning to change their tune and are again anxiously seeking among us miraculous ideas for new forms of development for our countries. In order to understand this it is necessary only to read the proceedings of innumerable colloquys and seminars.

I certainly do not wish to ridicule the patient effort tf those honest intellectuals who, because they have t, ;s to see, have observed the terrible consequences of the ravages caused in the third world by the so-called development specialists.

I fear that the results of all the energies seized by the Prósperos of all kinds may be turned into a magic wand to be used to turn us back in to a world of slavery, dressed up according to the taste of our times. This fear is justified by the fact that the African petite bourgeoisie with its diplomas, if not that of the whole third world, is not ready—whether because of intellectual laziness or simply because it has sampled the Western way of life—to give up its privileges. It therefore forgets that all true political struggle requires a rigorous theoretical debate, and it refuses to do the thinking necessary in order to invent the new concepts needed to wage the kind of struggle to the death that is ahead of us. A passive and pathetic consumer group, it overflows with the “in” words of the West, just as it overflows with its whisky and champagne, in salons where there is a dubious kind of harmony. One will search in vain— the concepts of Blackness or the African personality now being a little outdated—for truly new ideas from the brains of our so-called intellectual giants. Words and ideas come to us from elsewhere. Our professors, engineers and economists are content simply to add a little colouring, because they have brought from the European universities of which they are the products only their diplomas and the surface smoothness of adjectives and superlatives. It is urgently necessary that our qualified personnel and those who work with ideas learn that there is no innocent writing. In these tempestuous times, we cannot leave it to our enemies of the past and of the present to think and to imagine and to create. We also must do so.

Before it is too late—and it is already late—this élite, these men of Africa, of the third world, must come to their senses; in other words, they must turn to their own societies, they must look at this wretchedness that we have inherited, to understand that the battle for thought that will help the disinherited masses not only is not a vain one but can become credible at the international level. They must provide a faithful picture for their own peoples, a picture that will enable them to carry out profound changes in the social and political situation so that we can free ourselves from the foreign domination and exploitation that can lead our States only to failure.

This is something that we understood, we, the people of Burkina Faso, on that night of 4 August 1983, when the stars first began to shine in the heavens of our homeland. We had to take the lead of the peasant uprisings in the countryside, threatened by desertification, exhausted by hunger and thirst, and abandoned. We had to give some sense of meaning to the revolts of the unemployed urban masses, frustrated and tired of seeing the limousines of the alienated élite flash by following the head of State, who offered them only false solutions devised and conceived in the brains of others. We had to give an ideological soul to the just struggles of our masses mobilized against the monstrosity of imperialism. Instead of a minor, short-lived revolt, we had to have revolution, the eternal struggle against all domination. Others have noted this before me and yet others will say after me how broad the gap now is between the rich peoples and those that aspire only to have enough to eat, enough to drink, to survive and to defend their dignity, but nobody could believe how much of the food of our people has gone to feed the rich man’s cow.

In the case of Upper Volta, the process was even more crystal clear. We demonstrated the essence of all the calamities that have crushed the so-called developing countries.

The truth about aid, represented as the panacea for all ills and often praised beyond all rhyme or reason, has been revealed. Very few countries have been so inundated with aid of all kinds as has mine.

Aid is supposed to help development, but one can look in vain in what used to be Upper Volta to see any sign of any kind of development. The people who were m power through either naivety or class selfishness could not or else did not want to gain control over this inflow from the outside or grasp the scope of it and use it in the interests of our people.

Analysing a table that was published in 1983 by the Sahel Club, Jacques Giri, in his book entitled The Sahel Tomorrow, concluded quite sensibly that aid to the Sahel, because of its content and because of the machinery in place, was only aid for survival. He emphasized that only 30 per cent of that aid would enable the Sahel simply to remain alive. According to Jacques Giri, this outside aid was designed only for the continued development of the unproductive sectors, imposing intolerable burdens on our small budgets, completely disrupting our countryside, creating deficits in our trade balance and, in fact, speeding up our indebtedness.

Here are just a few standard facts to describe what Upper Volta used to be like: 7 million inhabitants, with more than 6 million peasants; infant mortality at 180 per 1,000; life expectancy of 40 years; an illiteracy rate of 98 per cent, if literacy is considered to mean being able to read, write and speak a language; one doctor for 50,000 inhabitants; 16 per cent receiving schooling; and lastly, a gross domestic product of 53,356 CFA francs, that is, just over $100 per capita.

The diagnosis obviously was a very bad one. The source of the evil was political and so the only cure must be a political one.

Of course, we encourage aid that can help us to manage without aid, but in general the aid and assistance policies merely led us to become completely disorganized, to enslave ourselves, to shirk our responsibility in our economic, political and cultural areas..

We have chosen a different path to achieve better results. We have chosen to establish new techniques. We have chosen to seek forms of organization that are better adapted to our civilization, abruptly and once and for all rejecting all kinds of outside diktats, so that we can create the conditions for a dignity in keeping with our ambitions.

We refuse simple survival. We want to ease the pressures, to free our countiyside from medieval stagnation or regression. We want to democratize our society, to open up our minds to a universe of collective responsibility, so that we may be bold enough to invent the future. We want to change the administration and reconstruct it with a different kind of civil servant. We want to get our army involved with the people in productive work ana remind it constantly that, without patriotic training, a soldier is only a criminal with power. That is our political programme.

At the economic level, we are learning to live simply, to accept and to demand of ourselves the austerity that we need in order to carry out our great designs.

Thanks to the revolutionary solidarity fund, which is fed by voluntary contributions, we are now beginning to deal with the cruel questions posed by the drought. We support and have applied the principles of the Declaration of Alma-Ata/ expanding our primary health care. We endorse as a State policy the global strategy of GOBI FFF advocated by UNICEF.

We believe that through the United Nations Sudano-Sahelian Office, the United Nations should enable those countries affected by drought to establish a medium- and long-term plan to achieve selfsufficiency in food.

To prepare for the twenty-first century, we have begun, by creating a special tombola section, an immense campaign for the education and training of our children in a new school. The programme is called “Let’s teach our children”. Through committees to defend the revolution, we have established a vast house-building programme—500 units in three months—and we are also building roads, small water collectors, and so forth. Our economic ambition is to work to ensure that the use of the mind and the strength of each inhabitant of Burkina Faso will produce what is necessary to provide two meals a day and drinking-water.

We swear that in future in Burkina Faso nothing will be done without the participation of the people of Burkina Faso themselves, nothing that has not been decided by us, that has not been prepared by us. There shall be no more attacks on our honour and dignity.

Strengthened by this conviction, we want our words to cover all those who suffer, all those whose dignity has been crushed by a minority or a system.

Let me say to those who are listening to me now that I speak not only on behalf of Burkina Faso, my country which I love so much, but also on behalf of all those who suffer, wherever they may be.

I speak on behalf of those millions of human beings who are in ghettos because their skin is black, or because they have a different kind of culture, those whose status is hardly higher than that of an animal.

I suffer, too, on behalf of those Indians who have been massacred, trampled on and humiliated and who, for centuries, have been confined to reservations, so that they do not have any aspirations to any rights whatsoever, so that their culture cannot become enriched through contact with other cultures, including that of the invader.

I speak out on behalf of those who are unemployed because of a structurally unjust system which has now been completely disrupted, the unemployed who have been reduced to seeing their lives as only the reflection of the lives of those who have more than themselves.

I speak on behalf of women throughout the entire world who suffer from a system of exploitation imposed on them by men. As far as we are concerned, we are willing to welcome all suggestions from anywhere in the world that will help us to promote the full development and prosperity of the women of Burkina Faso. In return, we will share with all countries the positive experience we are now undertaking with our women, who are now involved at all levels of the State apparatus and social life in Burkina Faso, women who struggle and who say with us that the slave who will not shoulder responsibility to rebel does not deserve pity. That slave will alone be responsible for his own wretchedness if he has any illusions whatsoever about the suspect indulgence shown by a master who pretends to give him freedom. Only struggle helps us to become free, and we call on all our sisters of all races to rise up to regain their rights.

I speak on behalf of the mothers of our poor countries who see their children dying of malaria and diarrhoea, unaware that to save them there are simple methods available but which the science of the multinationals does not offer to them, preferring to invest in cosmetics laboratories and engage in cosmetic surgery to satisfy the whims and caprices of a few men and women who feel they have become too fat because of too many calories in the rich food they consume with regularity. That must make even members of this Assembly dizzy—not to mention the peoples of the Sahel. We have decided to adopt and popularize the methods that have been advocated by WHO and UNICEF.

I speak on behalf of the child, the child of the poor man, who is hungry and who furtively eyes the wealth piled up in the rich man’s shop, a shop that is protected by a thick window, a window which is defended by an impassable grille, the grille guarded by a policeman in a helmet with gloves and a bludgeon, the policeman placed there by the father of another child, who comes there to serve himself or rather to be served because these are the guarantees of capitalistic representativeness and norms of the system.

I speak on behalf of the artists—poets, painters, sculptors, musicians, actors and so on—people of good will who see their art being prostituted by the show-business magicians.

I cry out on behalf of the journalists who have been reduced to silence or else to lies simply to avoid the hardships of unemployment.

I protest on behalf of the athletes of the entire world whose muscles are being exploited by political systems or by those who deal in the modem slavery of the stadium.

My country is the essence of all the miseries of peoples, a tragic synthesis of all the suffering of mankind but also, and above all, the synthesis of the hopes of our struggles. That is why I speak out on behalf of the sick who are anxiously looking to see what science can do for them—but that science has been taken over by the gun merchants. My thoughts go to all those who nave been affected by the destruction of nature, those 30 million who are dying every year, crushed by that most fearsome weapon, hunger.

As a soldier, I cannot forget that obedient soldier who does what he is told, whose finger is on the trigger and who knows that the bullet which is going to leave his gun will bring only a message of death.

Lastly, I speak out in indignation as I think of the Palestinians, whom this most inhuman humanity has replaced with another people, a people who only yesterday were themselves being martyred at leisure. I think of the valiant Palestinian people, the families which have been splintered and split up and are wandering throughout the world seeking asylum. Courageous, determined, stoic and tireless, the Palestinians remind us all of the need and moral obligation to respect the rights of a people. Along with their Jewish brothers, they are anti-Zionists.

Standing alongside my soldier brothers of Iran and Iraq, who are dying in a fratricidal and suicidal war, I wish also to feel close to my comrades of Nicaragua, whose ports are being mined, whose towns are being bombed and who, despite all, face up with courage and lucidity to their fate. I suffer with all those in Latin America who are suffering from imperialist domination.

I wish to stand side by side with the peoples of Afghanistan and Ireland, the peoples of Grenada and East Timor, each of those peoples seeking happiness in keeping with their dignity and the laws of their own culture.

I rise up on behalf of all who seek in vain any forum in the world to make their voices heard and to have themselves taken seriously.

Many have already spoken from this rostrum. Many will speak after me. But only a few will take the real decisions, although we are all officially considered equals. I speak on behalf of all those who seek in vain for a forum in the world where they can be heard. Yes, I wish to speak for all those—the forgotten—because I am a man and nothing that is human is alien to me.

Our revolution in Burkina Faso takes account of the ills of all peoples. We are also inspired by all the experiences of mankind, from the very first breath of the first human being.

We wish to enjoy the inheritance of all the revolutions of the world, all the liberation struggles of the third-world peoples. We are trying to learn from the great upheavals that have transformed the world. We have drawn the lessons of the American revolution, the lessons of its victory against colonial domination, and the consequences of that victory. We endorse the doctrine of non-interference by Europeans in American affairs and non-interference by Americans in European affairs. In 1823, Monroe said “America for the Americans”. We would say “Africa for the Africans; Burkina Faso for the Burkinabe”. The French revolution of 1789, which disrupted the foundations of absolutism, has taught us the rights of man linked to the rights of peoples to freedom. The great revolution of October 1917 transformed the world and made possible the victory of the proletariat, shook the foundations of capitalism and made possible the dreams of justice of the French Commune.

Open to all the wishes of the peoples and their revolutions, learning also from the terrible failures that have led to truly sad infringements of human rights, we want to preserve from each revolution only that essence of purity that prohibits us from becoming servants to the realities of others, even though in our thinking we find that there is a community of interests among us.

There must be no more deceit. The new international economic order, for which we are struggling and will continue to struggle, can be achieved only if we manage to do away with the old order, which completely ignores us, only if we insist on the place which is ours in the political organization of the world, only if we realize our importance in the world and obtain the right to decision-making with respect to the machinery governing trade, economic and monetary affairs at the world level.

The new international economic order is simply one among all the other rights of peoples—the right to independence, to the free choice of the form and structure of government, the right to development— and like all the rights of peoples it is a right which can be gained only through the struggle of the peoples. It will never be obtained by any act of generosity by any Power whatsoever.

I continue to have unshakeable confidence—a confidence I share with the immense community of non-aligned countries—that, despite our peoples’ battering-ram cries of distress, our group will preserve its cohesion, strengthen its power of collective negotiation, find allies among all nations, and begin, together with all who can still hear us, to organize a really new system of international economic relations.

I agreed to come to speak before the Assembly because, despite the criticism of certain major contributors, the United Nations remains tlie ideal forum for our demands, the place where the legitimacy of countries which have no voice is recognized. This was expressed very accurately by the Secretary- General, when he wrote:

“The United Nations reflects in a unique way the aspirations and frustrations of many nations and groups all over the world. One of its great merits is that all nations—-including the weak, the oppressed and the victims of injustice”—that is, us—“can get a hearing and have a platform even in the face of the hard realities of power. A just cause, however frustrated or disregarded, can find a voice in the United Nations. This is not always a well- liked attribute of the Organization, but it is an essential one.”

The meaning and scope of the Organization could not be better defined.

Therefore, it is absolutly essential for the good of each of us that the United Nations be strengthened and provided with the means to take action. That is why we endorse the Secretary-General’s proposals to this end, to help the Organization break the many deadlocks which have been carefully preserved by the great Powers in order to discredit it in the eyes of the world.

Since I recognize the admittedly limited merits of the Organization, I cannot but rejoice to see new Members join us That is why the delegation of Burkina Faso welcomes the admission of the 159th Member of the United Nations, the State of Brunei Darussalam.

The folly of those who, by a quirk of fate, rule the world makes it imperative for the Movement of Non-Aligned Countries—which, I hope, the State of Brunei Darussalam will soon join—to consider as one of the permanent goals of its struggle the achievement of disarmament, which is an essential aspect of the principal conditions of our right to development.

In our view, there must be serious studies of all the factors which have led to the calamities which have befallen the world. In this connection, President Fidel Castro stated our view admirably at the opening of the Sixth Conference of Heads of State or Government of Non-Aligned Countries, held at Havana in September 1979, when he said:

“Three hundred billion dollars could build 600,000 schools, with a capacity for 400 million children; or 60 million comfortable homes, for 300 million people; or 30,000 hospitals, with 18 million beds; or 20,000 factories, with jobs for more than 20 million workers; or an irrigation system for 150 million hectares of land—that, with the application of technology, could feed a billion people.”

If we multiply those numbers by 10—and I am sure that that is a conservative figure—we can see how much mankind wastes every year in the military field, that is, against peace.

It is easy to see why the indignation of the peoples is easily transformed into rebellion and revolution in the face of the crumbs tossed to them in the ignominious form of some aid, to which utterly humiliating conditions are sometimes attached. It can be understood why, in the fight for development, we consider ourselves to be tireless combatants for peace.

We swear to struggle to ease tension, to introduce the principles of civilized life into international relations and to extend these to all parts of the world. That means that we can no longer stand by passively and watch people haggle jver concepts.

We reiterate our determination to work actively for peace; to take our place in the struggle for disarmament; to take action in the field of international politics as a decisive factor, free of all hindrance by any of the big Powers, whatever may be their designs.

But the quest for peace also involves the strict application of the right of countries to independence. On this point, the most pathetic—indeed, the most appalling—example is found in the Middle East, where, with arrogance, insolence and incredible stubbornness, a small country, Israel, has for more than 20 years, with the unspeakable complicity of its powerful protector, the United States, continued to defy the international community.

Only yesterday, Jews were consigned to the horrors of the crematorium, but Israel scorns history by inflicting on others the tortures it suffered.

In any event, Israel—whose people we love for its courage and sacrifices of the past—should realize that the conditions for its own tranquillity are not to be found in military strength financed from outside. Israel must begin to learn to be a nation like other nations, one among many.

For the present, we declare from this rostrum our militant, active solidarity with the fighters, both men and women, of the wonderful people of Palestine, for we know that there is no suffering that has no end.

Analysing the economic and political situation in Africa, we cannot fail to stress our serious concern at the dangerous challenges to the rights of peoples hurled by certain nations which, secure in their alliances, openly flout international morality.

We are naturally pleased at the decision to withdraw foreign troops from Chad so that the Chadian people themselves, without intermediaries, can find the way to put an end to that fratricidal war and finally be able to dry the tears that have been shed for so many years. But, despite the progress made here and there in the struggle of the African peoples for economic emancipation, our continent continues to reflect the essential reality of the contradictions between the big Powers and to be oppressed by the unbearable scourges of today’s world.

That is why we cannot accept and must unreservedly condemn the treatment of the people of Western Sahara by the Kingdom of Morocco, which has been using delaying tactics to postpone the day of reckoning that will in any event be forced upon it by the will of the Saharan people. I have visited the regions liberated by the Saharan people, and I have

come to believe more firmly than ever that nothing will stop its progress towards the total liberation of its country under the militant and enlightened leadership of the Frente POLISARIO.

I do not wish to dwell too long on the question of Mayotte and the islands of the Malagasy archipelago; since the facts are clear and the principles obvious, there is no need to dwell on them. Mayotte belongs to the Comoros; the islands of the archipelago belong to Madagascar.

With regard to Latin America, we welcome the initiative of the Contadora Group as a positive step in the search for a just solution to the explosive situation in the region. Commander Daniel Ortega, speaking here [16th meeting] on behalf of the revolutionary people of Nicaragua, made concrete proposals and posed some basic, direct questions. We hope to see peace in his country and throughout Central America on and after 15 October; this is what world public opinion calls for.

Just as we condemned the foreign aggression against the island of Grenada, so we condemn all foreign intervention. Thus, we cannot remain silent about the foreign military intervention in Afghanistan.

And yet there is one point that is so serious that each of us must give a very open and clear explanation of it. That question, as members can imagine, is that of South Africa. The unbelievable insolence of that country with respect to all nations of the world—even those that support the terrorism which it has erected into a State system designed physically to liquidate the black majority of that country—and the contempt that it has shown for all our resolutions constitute one of the most serious and overwhelming concerns of the world today.

But the most tragic factor is not that South Africa has outlawed itself from the international community because of its apartheid laws, not even that it continues to occupy Namibia illegally and keep it under its colonialist and racist boot or that it continues with impugnity to subject its neighbours to the laws of banditry. No, what is the most abject and the most humiliating for the human conscience is that it has made this tragedy a matter of everyday reality for millions of human beings, who have only their own body and the heroism or their bare hands to defend themselves. Sure of the complicity of the big Powers and the active support of certain among them, as well as of the criminal collaboration of some pathetic African leaders, the white minority simply ignores the feelings of all those people, everywhere in the world, who find the savage methods of that country to be absolutely intolerable.

There was a time when international brigades went to defend the honour of nations that suffered aggression. Today, despite the agonizing open wounds that are suffered, all we do is vote for resolutions that do nothing more than call on a nation of pirates, which “destroys a smile as hail kills flowers”, to mend its ways.

We shall soon be celebrating the one-hundred- and-fiftieth anniversary of the emancipation of slaves in the British Empire. My delegation supports the proposal of Antigua and Barbuda for the commemoration of that event, which is of very great importance to African countries and the black world. For us, all that can be said throughout the world during the commemorative ceremonies must emphasize the terrible cost paid by Africa and the black world in the development of civilization. Nothing was given us in return, which no doubt explains the tragedy on our continent today. It is our blood that nourished the rise of capitalism, that made possible our present condition of dependence and consolidated our underdevelopment. But we cannot hide the truth any more; it cannot be ignored. The figures cannot be simply haggled away. For every black man who came to the plantations, five died or were crippled. And here I do not mention the disorganization of the continent and its consequences.

While the entire world, thanks to you, Mr. President, with the help of the Secretary-General, will be commemorating that anniversary and noting this truth, it will understand why we long for peace among nations and why we demand our right to development with absolute equality through the organization and distribution of human resources. It is because we belong to one of the races that has suffered the most that we in Burkina Faso have sworn that we shall never accept any splitting up of our country or any denial of justice. It is the memory of that suffering that causes us to stand side by side with the Palestine Liberation Organization [PLO] against the armed bands of Israel. It is the memory of that suffering which, on the one hand, causes us to support the African National Congress of South Africa [ANC] and the South West Africa People’s Organization [SWAPO] and, on the other, makes absolutely intolerable the presence in South Africa of men who say they are white and feel entitled on that account to set the whole world on fire. It is that memory of suffering that makes us put all our faith in the United Nations, with the common responsibility, the common task and the common hopes of us all.

We demand that throughout the world the campaign to free Nelson Mandela be intensified so that his presence here at the next session of the General Assembly will be a victory of collective pride. In memory of our suffering and as a collective pardon, an international humanitarian prize should be given for all those who have contributed to the defence of human rights through their work and research. We call for cutting all budgets for space research by one ten-thousandth and devoting that amount to research in the field of health and to improving the human environment which has been disrupted by those “fireworks” which are harmful to the ecosystem.

We also propose that the structures of the United Nations be reviewed and revised so that an end may be put to the scandal of the right of veto. The perverse effects of its abuse have, of course, been offset by the vigilance of some States that possess the veto right. However, nothing can justify that right— neither the size of the country nor its wealth.

If the argument used to justify that inequity has been the cost paid during the Second World War, then those nations that have arrogated those rights to themselves should know that each of us has an uncle or a father who—like thousands of other innocent people recruited from the third world to defend the rights that had been flouted by the Hitlerite hordes— also suffered and died from Nazi bullets. Therefore, let those major Powers, which miss no opportunity to question the right of peoples, not be so arrogant. The absence of Africa from the club of those that have the right of veto is an injustice which must be ended.

Lastly, my delegation would be failing in its duty if it did not call for the suspension of Israel and the pure and simple exclusion of South Africa from the United Nations. When, in the course of time, those countries have done what they must do to justify their presence in the international community, then we would be only too happy to welcome them here and to guide their first steps.

We should like to reconfirm our confidence in the United Nations. We are grateful for the work which its agencies have done in Burkina Faso and for their presence side by side with us in the difficult times in which we are living. We are grateful to the members of the Security Council for having allowed us twice this year to preside over the work of the Council. We only hope the Council will recognize the principle of the struggle against the extermination of 30 million human beings each year through hunger, which today is more devastating than nuclear weapons.

Our confidence and faith in the United Nations leads me to thank the Secretary-General for his visit, which we greatly appreciated; he came to see for himself the harsh reality of our life and to get a true picture of the aridity or the Sahel and the tragedy of desertification.

I cannot conclude without paying a tribute to the President of the General Assembly, who, with his great intelligence and perception, will guide the work of this thirty-ninth session.

I have travelled many thousands of kilometres to be here. I have come to ask each member to work together to put an end to the contempt of those who are unreasonable, to eliminate the tragic spectacle of children dying of hunger, to do away with ignorance, to ensure the triumph of the legitimate rebellion of peoples and to put an end to the use of weapons so that they can be laid down and fall silent, and to ensure that mankind will survive and that together, with the great poet Novalis we can all sing together:

“Soon the stars will come back to the Earth where they have long been gone; soon the sun will return, the star will shine again among the stars, all the races of the world will gather together again after a long separation, the old orphaned families will find one another again and every day there will be new discoveries, more people will embrace one another; then the inhabitants of the old days will come back to the Earth, the ashes will be relit in each tomb, the flame of life will bum again, the old houses will be rebuilt, the old times wiL come again and history will be the dream of the present extended to infinity.”

Down with international reaction! Down with imperialism! Down with neo-colonialism! Down with “puppetism”!

Eternal glory to the peoples who are struggling for their freedom! Eternal glory to the peoples who stand shoulder to shoulder to defend their dignity! Eternal victory to the peoples of Africa, Latin America and Asia in their struggle!

Fatherland or death: we shall triumph.





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