Ballata autocritica
Fausto AmodeiVersion française – BALLADE AUTOCRITIQUE – Marco Valdo M.I. – 20... | |
A SELF-CRITICIZING BALLAD | BALLADE AUTOCRITIQUE |
Ten years and more I have been playing This guitar, and have been singing Songs of various nature with all my heart; How many times I've been changing tones, From C major to C sharp minor, Waltzes, stornelli, Chaconnes, Turkish marches, Madrigals, gigs, flamencos, Czárdás, contradanses, Tangos, sambas, mazurkas, And well, the list isn't complete yet... But what I say is always the same. | Il y a passé dix ans que je joue De cette guitare et que je chante Des chansons de toutes couleurs. J’ai mille fois changé de ton : Du do majeur au do mineur, De la valse au canon, Ritournelle, marche turque, Madrigal, gigue, flamenco, Sardane, contredanse, Samba, mazurka, tango. J’ai épuisé le répertoire des cadences, Mais j’ai gardé toute ma substance. |
I've always been singing my songs Rooted in the firm belief That the real core of everything Should be defeating the masters; And I have written all my songs So that they can help us Put into complete practice The principles of class struggle; And my hope has always been That every verse I've been singing Can help us defeat Private property. | J’ai chanté jusqu’à présent La conviction Que le fait plus important Est de vaincre le patron. J’ai composé chaque chanson Pour qu’elle donne l’allant De mener jusqu’au fond La lutte contre les possédants. J’ai cru que chaque idée Que j’ai chantée Nous aiderait à éliminer La propriété. |
Ten years and more I've been singing Struggles, strikes and strategies To make the revolution; But what I've done isn't anything but singing Cops whacking, charging, crushing us with jeeps, Sentences, jails and prison chains; My songs are sad when we're defeated, Or merry when thousands of workers Demonstrate and fight in the streets; But after so many trillings and high notes I became aware that singing and singing Has really lost much of its appeal. | Ça fait dix ans que je chante Les combats et les mille grèves Et la stratégie de la révolution, Mais ces dix ans ne furent que Coups et charges de police Et condamnations à la prison. C’est un chant triste quand nous sommes écrasés ; C’est un chant glorieux quand mille ouvriers Descendent dans la rue pour lutter. Mais après tant de vocalises et de chants, Je me suis aperçu qu’à présent Je n’ai plus le goût du chant. |
Well, the masters got Money-made guts, The more they eat shit, The easier they digest. They increase prices If you finally get wage rise, Then they cut production times And load you with overtime; So just think how much my songs Can be heavy to digest, They eat 'em with peels an' bones, Then they burp on our face. | Le patron nous a laissé Un estomac de mille lires, Il nous fait manger autant de merde, Qu’on peut en avaler. Lui augmente ses prix, Il réduit nos salaires, Il coupe nos pauses horaires, Et nous fait faire des heures supplémentaires. Quant à mes chansons, Lui qui avale tout, tout rond, Il ne peut les digérer Et elles le font roter. |
With all my trillings and high tones No master's ever lost a farthing Of income or profit; A song, and even a protest song Doesn't never bring down The rent to any tenant; No refrain, no ballad, no tune Will ever be good for anything, No baton blow will ever be made Lighter by any folk dance, No Yankee in Vietnam Will ever die quicker with a tarantelle. | Malgré mes innombrables chansons, Aucun patron n’a perdu un centime De revenu ou de bénéfice ; Il ne suffit pas d’une protestation Pour qu’un locataire Ne voie réduire son loyer ; Un refrain ne sert guère Une ballade n’a d’utilité, Ni un rythme de contredanse Pour adoucir une matraque Ou pour hâter la mort glorieuse D’un Yankee en Indochine. |
And maybe I'd better Giving up dangling this guitar And turning it into a machine gun So that it utters different sounds, So that its six strings Sound a bit more effective Turning all of a sudden Into six chargers; And so that my fingers Give up plucking strings And picking quills, And they pull a trigger instead; And maybe now I'd better Composing a passecaille That with its sweet music Leads off into a mitraille. | Il faudrait que, par je ne sais quel mystère, Cette guitare en bandoulière Se transforme en pistolet-mitrailleur Et pour émettre d’autres sons, Les six cordes se changent en six chargeurs ; Et que ces doigts tout au long Pour produire certaines résonances Plutôt que de gratter des arpèges, Pressent la détente ; Peut-être vaudrait-il parfois Mieux une passacaille Qui à sa voix Sait marier la mitraille. |