| FRANCESE / FRENCH [3] - Marco Valdo M.I.
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LA GUERRE DE PIERRE | LA GUERRE DE PIERO |
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Tu dors enfoui sous un grand champ de blé | Tu dors sous un champ de blé |
Ce ne sont ni les roses ni les tulipes | Ni la rose ni la tulipe |
Qui veillent sur toi par ce beau soir d'été | ne te veillent à l'ombre des fossés |
Mais ce sont mille coquelicots rouges | mais mille coquelicots. |
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Dans les remous de mon torrent | Au long des rives de mon torrent |
Je veux que descendent des lumières argentées | Je veux que descendent les brochets argentés, |
Et non plus les cadavres des soldats | plus les cadavres des soldats, portés |
Portés par les bras du courant | à bras par le courant. |
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Ainsi tu parlais, et c'était l'hiver | Tu devisais ainsi et c'était l'hiver |
Et comme tant d'autres vers l'enfer | et comme les autres vers l'enfer |
Tu t'en vas triste comme celui qui boit | tu t'en vas triste comme qui doit |
Plein de rancoeur et de désarroi | Le vent te crache la neige au front |
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Arrête-toi Pierre vaille que vaille | Arrête Piero, arrête-toi tout de suite |
Laisse le vent passer par-dessus toi | Laisse le vent te dépasser |
Des morts à la bataille il te porte la voix | Il t'apporte l'avertissement des morts à la bataille : |
Eux qui donnèrent leur vie pour une croix | « Qui donne sa vie, a en échange une croix » |
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Mais sans que tu l'entende le temps a passé | Mais tu ne l'entendis pas et le vent passait |
Et les saisons aussi, à pas feutrés | avec les saisons sur un air de java |
Tu es arrivé tout près d'une rivière | et tu franchis la frontière |
Un jour où perçaient les premières primevères | un beau jour de printemps |
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Et tout en marchant ton arme à la main | Et tandis que tu marchais l'âme voilée |
Tu vois un homme dans le petit matin | tu vis au fond de la vallée |
Qui comme toi laisse voir la même peur | un homme de la même humeur |
Mais dont l'uniforme est d'une autre couleur | mais son uniforme était d'une autre couleur. |
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Tire donc Pierre, tire sans attendre | Tire-lui dessus Piero, tire encore |
Et tire encore sans chercher à comprendre | et après un coup tire encore |
Jusqu'à ce que tu le voies agonisant | Jusqu'à ce que tu le voies exsangue |
Tomber à terre recouvert de son sang | tomber à terre pour couvrir son sang |
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Et si tu lui tire en plein dans le coeur | Si je le touche au front ou au cœur |
Il aura juste le temps pour mourir | Il aura seulement le temps de mourir |
A moi juste le temps pour soutenir | mais il me restera le temps de découvrir |
Soutenir le regard d'un homme qui meurt | de découvrir les yeux d'un homme qui meurt. |
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Mais tu réfléchis trop et c'est là ton erreur | Et tandis que tu lui fais cette obligeance |
Car lui se retourne te vois et a peur | il se retourne, il te voit et il a peur, |
Et s'emparant de son artillerie | il empoigne son artillerie |
Il ne te rend pas la courtoisie | et il ne te rend pas ta courtoisie. |
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Tu chus à terre tout doucement | Tu tombes à terre sans un mot |
Et tu t'aperçus en un instant | et tu t'aperçois en un instant |
Que le temps ne te serait pas donné | que tu n'auras pas eu le temps |
Pour rendre compte de tous tes péchés | de demander pardon pour tous tes péchés. |
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Tu chus à terre tout doucement | Tu tombes à terre sans un mot |
Et tu t'aperçus en un instant | et tu t'aperçois en un instant |
Que ta pauvre vie finissait à ce jour | que toute ta vie finit ce jour |
Et qu'il n'y aurait pas de possible retour | et qu'il n'y aura pas de retour. |
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Ô mon amour crever au mois de mai | Pour crever en mai, ma Ninette |
C'est vraiment trop dur si tu savais | Il faut trop de courage, ma belle Ninette |
Ô mon amour pour me rendre en enfer | Pour aller tout droit en enfer |
J'aurais mille fois préféré l'hiver | j'aurais préféré l' hiver. |
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Et dans le blé tu gisais sans vie | Et tandis que le grain se donnait à sentir |
Dans tes mains raides tu serrais ton fusil | Dans tes mains, tu serrais un fusil |
Et dans ta bouche demeuraient des merveilles | Dans ta bouche, tu serrais tes mots |
Trop gelées pour aller vers le soleil | Trop glacés pour se fondre au soleil |
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Tu dors enfoui sous un grand champ de blé | Tu dors sous un champ de blé |
Ce ne sont ni les roses ni les tulipes | Ni la rose ni la tulipe |
Qui veillent sur toi par ce beau soir d'été | ne te veillent à l'ombre des fossés |
Mais ce sont mille coquelicots rouges | mais mille coquelicots. |