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Les poètes

Louis Aragon
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OriginaleLa versione catalana di Joan Isaac, dal suo disco “Viure” del 1977.
LES POÈTES

Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l'aide
Ni comme on avouerait ses fautes
Ce qui m'habite et qui m'obsède

Celui qui chante se torture
Quels cris en moi quel animal
Je tue ou quelle créature
Au nom du bien au nom du mal
Seuls le savent ceux qui se turent

Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours

Au-dessus des eaux et des plaines
Au-dessus des toits des collines
Un plain-chant monte à gorge pleine
Est-ce vers l'étoile Hölderlin
Est-ce vers l'étoile Verlaine

Marlowe il te faut la taverne
Non pour Faust mais pour y mourir
Entre les tueurs qui te cernent
De leurs poignards et de leurs rires
A la lueur d'une lanterne

Étoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe des rossignols
Mais que sait l'univers du drame

La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges

Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l'aide
Ni comme on avouerait ses fautes
Ce qui m'habite et qui m'obsède

ELS POETES

Jo no sé pas què em posseeix
i ara m'impulsa a dir en veu alta
no per pregar pietat ni ajut,
ni per a confessar cap falta
allò que m'omple i m'obsedeix.

Cantar és tortura i és dissort.
Quins crits en mi, quin animal
jo mato o quina criatura
en nom del bé, en nom del mal.
Només ho saben els qui han mort.

Machado a Cotlliure és
només un pas enllà de Roses.
El cel li fou feixuc i gris
però es quedà en aquest país
i, tancà els ulls per sempre més.

Damunt la plana i el serrat,
damunt les aigües i el coster
un cant s'enfila ple d'esclat,
cap a l'estel Josep Carner,
cap a l'estel Joan Salvat.

Estels, sou fets amb pols de flama
quan ve l'agost caieu, caieu
i tot el cel de nit proclama
la mortandat dels rossinyols
però l'univers què en sap del drama.

El dolor dóna als somnis vida
com ho fa el rusc amb les abelles
i l'home crida on rep ferida
i on té la nafra neix un sol
més bell que l'antiga mentida.

Jo no sé pas què em posseeix
i ara m'impulsa a dir en veu alta
no per pregar pietat ni ajut,
ni per a confessar cap falta
allò que m'omple i m'obsedeix.


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