Legende vom toten Soldaten
Bertolt BrechtVersion française – LA LÉGENDE DU SOLDAT MORT – Marco Valdo M.I. ... | |
LA LEGGENDA DEL SOLDATO MORTO | LA LÉGENDE DU SOLDAT MORT |
C'era speranza di pace la guerra era sempre li il nostro soldato decise di morire da eroe, e morì | On en était au cinquième printemps Aucun espoir de paix devant Le soldat conclut le propos Et mourut de la mort du héros. |
Ma il Kaiser la prese assai male e disse "così non va, morire con tanto anticipo è un atto di viltà" | La guerre n'était pourtant pas finie encore Il ne plaisait pas au Kaiser, Que son soldat fut mort : Il lui semblait qu'il était bien trop vert. |
E mentre l'estate sfioriva il corpo sottoterra il Kaiser pensò di arruolarlo per rispedirlo in guerra | L'été s'étala sur les tombes Et le soldat dormait comme une bombe. Quand arriva dans la nuit estivale Une commission militaire médicale |
Riuniti in commissione tre della sanità dissotterraron le ossa che marcivan già | La commission s'installa Au-dedans du cimetière. Et d'une pelle consacrée sortit de terre Le malheureux soldat. |
I medici lo visitarono come se fosse vivo e dissero "Bah, non ha niente" è solo un lavativo | Le Docteur examina le soldat Ou du moins, ce qui restait de celui-là. Le Docteur trouva le soldat en parfait état Et il le déclara bon pour le combat. |
Gli dissero "alzati in piedi" Il cielo era tutto blu Senz'occhi il soldato alzò il viso e vide le stelle lassù | Ils emmenèrent le soldat fantasque La nuit était belle et bleuie On peut, quand on ne porte pas de casque, Voir les étoiles de la patrie. |
Gli versarono un poco di grappa sulla salma imputridita lo affidarono a due infermiere e ad una donna un pò svestita | Ils versèrent un schnaps d'enfer Dans son corps putréfié Et à son bras, ils mirent deux infirmiers Et une femme au majestueux derrière. |
E un prete davanti al turibolo e mirra e incenso fumanti perchè tanta puzza non turbi il naso degli astanti | Le soldat puait la rage ou même, pire, Alors, on vit boiter un curé tout noir Qui balançait au-dessus de lui un encensoir Pour qu'on ne puisse rien sentir. |
E in testa la banda con trombe e tamburi e piatti e cindarara E il bravo soldato che marcia un due eh - un due eh avanti marsc! | Devant la musique et les grosses caisses Jouait une marche militaire. Et le soldat, comme il avait appris à le faire, Levait les jambes jusqu'à ses fesses. |
Fraterni lo reggon due medici marciando con lui se no nel fango senz'altro cadrebbe e il Kaiser direbbe "Ma no!" | En le tenant fraternellement par le bras Les deux infirmiers marchaient au pas. Sans eux, dans la boue, il retomberait déjà Et cela ne se peut pas. |
Dipinto hanno il sudario trovato al cimitero Adesso è un tricolore bianco rosso e nero | Ils enduisirent son suaire De rouge de blanc de noir Et ainsi, ils l'emmenèrent Sous les couleurs, la saleté s'égare. |
Davanti a tutti un signore in frak dall'aria assai perbene che sa che alla cerimonie si va vestiti bene | Un monsieur en frac marchait devant Avec sa poitrine amidonnée Il se tenait comme un vrai Allemand Conscient de devoir assumer. |
Per tutte le strade di notte con trombe tamburi e cindarara barcolla il soldato ma batte il passo ogni colpo di cindarara | Ils passèrent ainsi avec les grosses caisses Ils s'engagèrent sur la route sombre Et le soldat balançait son ivresse Comme les flocons dans l'ombre. |
i cani, i gatti, i somari accorrono a sentire parola d'ordine anche per loro è vincere o morire | Les chats et les chiens crient, Les rats des champs sifflent sauvagement Ils ne veulent pas être français Car c'est un un avilissement |
S'affaccian le donne ai balconi tra fior di geranio e lillà. Risplende in cielo la luna e tutti gridano urrà | Et quand ils traversent les hameaux, Toutes les femmes sont là. La Lune brille. Les arbres font les beaux Et tous crient Hourra ! |
E il chiasso dei pianti e i saluti il prete e la banda stonata E in mezzo il cadavere in armi come una scimmia drogata | Avec les caisses et les au revoir Et les femmes et les chiens et le curé ! Et tout au milieu le soldat mort Comme un singe bourré. |
Traversa il soldato i villaggi ma vederlo nessun ce la fa Tanti gli stanno dattorno con le trombe i tamburi e gli urrà | Et quand ils traversent les hameaux, Personne ne peut le voir Tant ils sont autour du héros Avec les caisses, les hourras et l'encensoir. |
Gli ballan gli cantano addosso ma lui non si vede già più son forse le stelle a vederlo che brillano in cielo lassù | Tant à brailler et danser autour du héros Qu'on ne le voit pas. Peut-être le verrait-on de haut Où les étoiles brillent déjà. |
Poi anche le stelle svaniscono e il cielo comincia a schiarire e il bravo soldato ora è pronto per l'ultima volta a morire. | Mais les étoiles ne sont plus là, Voici l'aurore Alors, comme il a appris à le faire, le soldat, Se redresse en héros mort. |