Litanies pour l'an 2000
Gilles ServatOriginale | Versione italiana di Riccardo Venturi |
LITANIES POUR L'AN 2000 En ce temps il était possible D'aller dans la rue sans son flingue Car il n'y avait que les dingues Qui prenaient les passants pour cible C'était encore peu répandu Quand on descendait à sa cave De trouver vingt surhommes très braves En train d'violer une inconnue On pouvait circuler en ville Sans peur, sans fouille systématique Sans recevoir des coups de trique De la part d'un vigile viril Je garde en moi le souvenir En ce moi de mai 2010 De ces années soixante-dix Où l'on sentait tout ça venir Le couvre-feu n'existait pas Les lumières brillaient dans la nuit On sortait bien après minuit Car l'énergie nous manquait pas Y'avait encore des rossignols Qui chantaient par les nuits d'été J'avais pas d'masque sur le nez L'oiseau tombait pas en plein vol Il existait des grands chemins Que les bandits fréquentaient guère Aujourd'hui on croirait la guerre Les embuscades au petit matin Je garde en moi le souvenir En ce moi de mai 2010 De ces années soixante-dix Où l'on sentait tout ça venir On avait encore une adresse Pas de loisirs obligatoires Pas de télé obligatoire Et pas de matricule aux fesses On pouvait prendre pour confesseur Sa femme, son enfant, sa soeur Sans être sûr d'ouvrir son coeur Au ministère de l'Intérieur Et même se regarder en face Sans s'demander si c'est un flic Si c'est soi-même ou un indic Dont on voit les yeux dans la glace Je garde en moi le souvenir En ce moi de mai 2010 De ces années soixante-dix Où l'on sentait tout ça venir Il restait les derniers pavés Il n'y avait que les maisons Les trains, les cars et les avions Qui avaient l'air conditionné On avait encore le droit d'grêve Et le cerveau en liberté Machin avait pas inventé La machine à lire les rêves Avant qu'le siècle ne s'achève Nous avons vaincu le cancer Mais on ne meurt pas moins qu'hier Les suicides ont pris la relève Je garde en moi le souvenir En ce moi de mai 2010 De ces années soixante-dix Où l'on sentait tout ça venir. | LITANIE PER IL DUEMILA A quel tempo si poteva uscire per strada senza pistola perché non c'erano che i pazzi che miravano ai passanti Era ancora poco diffuso quando si scendeva in cantina trovarci venti arditi superuomini a violentarci una sconosciuta Si poteva girare per la città senza paura e senza essere perquisiti di continuo, senza beccarsi manganellate da un virile tutore dell'ordine Conservo in me il ricordo in questo mese di maggio del 2010 di quegli anni settanta, quando si sentiva che sarebbe successo C'erano ancora usignoli che cantavano le notti d'estate, non avevo mascherine sul naso, l'uccello non cadeva in volo C'erano delle grandi strade che i banditi non frequentavano affatto, oggi quasi sembra la guerra, imboscate al mattino presto Conservo in me il ricordo in questo mese di maggio del 2010 di quegli anni settanta, quando si sentiva che sarebbe successo S'aveva ancora un indirizzo, niente domicili coatti, niente tivvù forzata, niente culo targato Si poteva farci fare da confessore dalla moglie, da un figlio, da una sorella senza esser certi d'aprire il cuore al ministro dell'interno E anche guardarsi in faccia senza chiedersi se è uno sbirro, se stesso o un indiziato quello che si vede allo specchio Conservo in me il ricordo in questo mese di maggio del 2010 di quegli anni settanta, quando si sentiva che sarebbe successo Restavano gli ultimi acciottolati, solamente le case, i treni, le auto e gli aerei avevano l'aria condizionata C'era ancora il diritto di sciopero e il cervello in libertà, nessun tizio aveva ancora inventato la macchina per leggere i sogni Prima che il secolo finisse abbiamo vinto il cancro ma non si muore meno di ieri, ora ci si suicida Conservo in me il ricordo in questo mese di maggio del 2010 di quegli anni settanta, quando si sentiva che sarebbe successo. |