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Giorgio Gaber: Qualcuno era comunista

GLI EXTRA DELLE CCG / AWS EXTRAS / LES EXTRAS DES CCG
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Traduit par Olivier Favier da dormirajamais.org
MÕNI OLI KOMMUNISTCERTAINS ÉTAIENT COMMUNISTES…
Mõni oli kommunist, sest ta oli sündinud Emilias
Mõni oli kommunist, sest vanaisa, onu, isa… ema mitte.
Mõni oli kommunist, sest ta pidas Venemaad lubaduseks, Hiinat poeesiaks ja kommunismi maapealseks paradiisiks.
Mõni oli kommunist, sest ta tundis end üksi.
Mõni oli kommunist, sest ta oli saanud liiga katoliikliku hariduse
Mõni oli kommunist, sest kino seda nõudis, teater seda nõudis, kirjandus ka… kõik nõudsid.
Mõni oli kommunist, sest nad olid talle ütelnud.
Mõni oli kommunist, sest nad ei olnud talle ütelnud kõike.
Mõni oli kommunist, sest enne… enne.. enne… oli olnud fašist.
Mõni oli kommunist, sest ta oli aru saanud, et Venemaa sammub aeglaselt, aga kaugele.
Mõni oli kommunist, sest Berlinguer oli tubli inimene.
Mõni oli kommunist, sest Andreotti ei olnud tubli inimene. Mõni oli kommunist, sest ta oli rikas, aga armastas rahvast.
Mõni oli kommunist, sest ta jõi veini ja tundis end liigutatuna – rahvapidudel.
Mõni oli kommunist, sest ta oli nii ateist, et vajas üht teist jumalat.
Mõni oli kommunist, sest ta oli nii vaimustatud töölistest, et tahtis olla üks neist.
Mõni oli kommunist, sest tal oli tööliseks olemisest kõrini. Mõni oli kommunist, sest ta tahtis kõrgemat palka.
Mõni oli kommunist, sest revolutsioon täna vast ei.. homme võib-olla… ja ülehomme kohe kindlasti!
Mõni oli kommunist, sest väikekodanlased, proletariaat, klassivõitlus… (cazzo!)
Mõni oli kommunist, et vihastada oma isa
Mõni oli kommunist, sest vaatas ainult RAI TRE-d (kurat!)
Mõni oli kommunist moe pärast, mõni printsiipide pärast, mõni frustratsioonist.
Mõni oli kommunist, sest tahtis kõike riigistada. (oh sa vana…!)
Mõni oli kommunist, sest ta ei tundunud riiklike ja parariiklike teenistujaid ega nende sarnaseid
Mõni oli kommunist, sest ta oli segamini ajanud dialektilise materialismi Lenini evangeeliumiga.
Mõni oli kommunist, sest ta oli veendunud, et tema taga seisab töölisklass.
Mõni oli kommunist, sest ta oli rohkem kommunist kui teised.
Mõni oli kommunist, sest oli suur kommunistlik partei
Mõni oli kommunist sellele vaatamata, et oli suur kommunistlik partei. Mõni oli kommunist, sest midagi paremat ei olnud.
Mõni oli kommunist, sest meil on kõige hullem sotsialistlik partei Euroopas.
Mõni oli kommunist, sest hullem riik kui meil, on ainult Ugandas. Mõni oli kommunist, sest ta lihtsalt ei suutnud enam pärast neljakümmet aastat demokristiaanide valitsust, nonde võimetute ja mafioosode.
Mõni oli kommunist, sest Piazza Fontana, Brescia, Bologna raudteejaam, l’Italicus, Ustica ja nii edasi ja nii edasi ja nii edasi…
Mõni oli kommunist, sest kes oli vastu, oli kommunist
Mõni oli kommunist, sest ta ei talunud rohkem seda räpast asja, mida me jonnakalt demokraatiaks kutsume
Mõni arvas end olevat kommunist ja võib-olla oli midagi muud.
Mõni oli kommunist, sest unistas teistsugusest vabadusest kui Ameerika oma.
Mõni oli kommunist, sest uskus end olevat elus ja õnnelik vaid siis, kui ka teised seda olid.
Mõni oli kommunist, sest vajas tõuget millegi uue jaoks. Sest tundis vajadust teistsuguse moraali järgi.
Sest võib-olla oli ainult üks jõud, üks lend, üks unistus, üks säde, soov asju muuta, elu muuta
Jah, mõni oli kommunist, sest selle sädeme lähedal oli igaüks nagu… rohkem ise.
Oli nagu... kaks inimest ühes.
Ühest küljest, isiklik igapäevane vaev ja teisest küljest tunne kuulumisest ühte liiki, kes soovis lendu tõusta, et tõesti elu muuta.
Ei. Ei mingit taganutmist.
Võib-olla ka siis olid paljud avanud tiivad oskamata lennata… nagu hüpoteetilised kajakad.
Ja praegu? Ka praegu tunneb end kahena.
Ühelt poolt inimene, kes läbib alandlikult oma igapäevase ellujäämise räpast teed ja teiselt poolt kajakas, kellel ei ole isegi enam soovi lennata, sest unistus on nüüdseks kokku kukkunud.
Kaks viletsust ühes kehas.
Quoi? Non, ce n’est pas vrai, je n’ai rien à me reprocher. Enfin je veux dire… je ne crois pas que j’ai fait quelque chose de grave.
Ma vie? Une vie normale. Je n’ai rien volé, même pas à la maison quand j’étais petit, je n’ai tué personne, voyons!… Quelques actes impurs mais c’est normal non?
Je travaille, j’ai une famille, je paie mes impôts. je ne crois pas avoir des fautes… je ne vais même pas à la chasse!
Quoi? Ah, vous parlez d’avant! Ah… mais avant… mais avant je me suis comporté comme tout le monde.
Comment je m’habillais? Je m’habillais, je m’habillais comme maintenant… ben pas vraiment comme maintenant, un peu plus… oui, jeans, pull-over, parka. Pourquoi? C’est pas bien? C’était pratique.
Qu’est-ce que je chantais? Ah ben ça, vous voulez savoir ce que je chantais. Mais oui bien sûr, aussi des chansons populaires, oui… « Ciao bella ciao ». Je dois parler plus fort? Oui, « Ciao bella ciao » je l’ai chantée, d’accord, et aussi l’ « Internationale », mais en chœur, hein!
Oui, ça oui, je l’admets, oui, j’y suis allé, oui, je suis allé les voir moi aussi les Inti Illimani… mais je n’ai pas pleuré!
Comment? Si j’ai des photos dans ma chambre? Ben voyons, bien sûr, les photos de mes parents, ma femme, ma…
Des affiches? Je ne crois pas… Peut-être une, mais petite… Che Ghevara. Mais c’est quoi, un procès?
Non, non, non, moi ça non, moi le poing je ne l’ai jamais montré, le poing non, jamais. Ben en somme, une fois mais… un petit poing, mais vite fait…
Comment? Si j’étais communiste? Eh. J’aime bien les questions directes! Vous voulez savoir si j’étais communiste? Non, non enfin parce que maintenant plus personne n’en parle, tout le monde fait semblant de rien et pourtant vous avez raison il faut mettre certaines choses au clair, une bonne fois pour toutes. Ohhh!
Si j’étais communiste. Mais! Dans quel sens? Enfin, je veux dire…
Certains étaient communistes parce qu’ils étaient en Émilie.
Certains étaient communistes parce que le grand-père, l’oncle, le père… la mère non.
Certains étaient communistes parce qu’il voyait la Russie comme une promesse, la Chine comme une poésie, le communisme comme le Paradis Terrestre.
Certains étaient communistes parce qu’ils se sentaient seuls.
Certains étaient communistes parce qu’ils avaient eu une éducation trop catholique.
Certains étaient communistes parce que le cinéma l’exigeait, le théâtre l’exigeait, la peinture l’exigeait, la littérature aussi… le monde entier l’exigeait.
Certains étaient communistes parce que “L’Histoire est de notre côté!”.
Certains étaient communistes parce qu’on leur avait dit.
Certains étaient communistes parce qu’on ne leur avait pas tout dit.
Certains étaient communistes parce qu’avant ils étaient fascistes.
Certains étaient communistes parce qu’ils avaient compris que la Russie avançait doucement mais sûrement.
Certains étaient communistes parce que Berlinguer était quelqu’un de bien.
Certains étaient communistes parce qu’Andreotti n’était pas quelqu’un de bien.
Certains étaient communistes parce qu’ils étaient riches mais qu’ils aimaient le peuple.
Certains étaient communistes parce qu’ils buvaient du vin et qu’ils étaient émus pendant les fêtes populaires.
Certains étaient communistes parce qu’ils étaient tellement athées qu’ils avaient besoin d’un autre Dieu.
Certains étaient communistes parce qu’ils étaient tellement fascinés par les ouvriers qu’ils voulaient être l’un d’eux.
Certains étaient communistes parce qu’ils n’en pouvaient plus d’être des ouvriers.
Certains étaient communistes parce qu’ils voulaient l’augmentation des salaires.
Certains étaient communistes parce que la bourgeoisie le prolétariat la lutte des classes, merde!
Certains étaient communistes parce que la révolution aujourd’hui non, demain peut-être, mais après-demain sûrement…
Certains étaient communistes parce que “Vive Marx, vive Lénine, vive Mao Tse Toung”.
Certains étaient communistes pour faire enrager leur père.
Certains étaient communistes parce qu’ils regardaient toujours la Rai tre.
Certains étaient communistes par ce que c’était la mode, certains par principe, certains par frustration.
Certains étaient communistes parce qu’ils voulaient tout étatiser.
Certains étaient communistes parce qu’ils ne connaissaient pas les fonctionnaires, les assimilés fonctionnaires, et les employés du secteur parapublic.
Certains étaient communistes parce qu’ils avaient échangé le « matérialisme dialectique » avec l’ « Évangile selon Lénine ».
Certains étaient communistes parce qu’ils étaient convaincus d’avoir derrière eux la classe ouvrière.
Certains étaient communistes parce qu’ils étaient plus communistes que les autres.
Certains étaient communistes parce qu’il y avait le grand Parti Communiste.
Certains étaient communistes malgré le grand Parti Communiste.
Certains étaient communistes parce qu’il n’y avait rien de mieux.
Certains étaient communistes parce que nous avons eu le pire Parti Socialiste d’Europe.
Certains étaient communistes parce que l’État pire que nous seulement l’Ouganda.
Certains étaient communistes parce qu’ils n’en pouvaient plus de quarante années de gouvernements démocrates-chrétiens incapables et mafieux.
Certains étaient communistes parce que piazza Fontana, Brescia, la gare de Bologne, l’Italicus, Ustica, etc. etc. etc.
Certains étaient communistes parce que ceux qui étaient contre étaient communistes.
Certains étaient communistes parce qu’ils ne supportaient plus cette chose sale que nous nous obstinons à appeler démocratie.
Certains croyaient être communistes et que peut-être ils étaient quelque chose d’autre.
Certains étaient communistes parce qu’ils rêvaient d’une liberté différente de celle américaine.
Certains étaient communistes parce qu’ils pensaient pouvoir être vivants et heureux seulement si les autres l’étaient aussi.
Certains étaient communistes parce qu’ils avaient besoin d’être poussés vers quelque chose de nouveau, parce qu’ils étaient prêts à changer chaque jour, parce qu’ils sentaient la nécessité d’une morale différente, parce que c’était peut-être seulement une force, un vol, un rêve, c’était seulement un élan, un désir de changer les choses, de changer la vie.
Certains étaient communistes parce que à côté de cet élan chacun était comme plus que lui-même, il était comme deux personnes en une. D’un côté le labeur quotidien personnel et de l’autre le sentiment d’appartenir à une race qui voulait prendre son vol pour changer vraiment la vie.
Non, aucun regret. Peut-être aussi qu’alors beaucoup avaient ouvert leurs ailes sans être capables de voler, comme des mouettes hypothétiques.
Et maintenant? Maintenant aussi on se sent comme deux personnes: d’un côté l’homme intégré qui traverse avec respect la misère de sa survie quotidienne et de l’autre la mouette, qui n’a même plus l’intention de voler, parce que le rêve s’est désormais rabougri, on se sent comme deux misères dans un seul corps.


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