| Version française – Histoire d'un chien – Marco Valdo M.I. – 20... |
HISTOIRE D'UN CHIEN | HISTOIRE D'UN CHIEN |
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Je l'ai vu en plein midi, | Moi je l'ai vu à midi |
là par terre, avec un monde | Là par terre avec un monde |
silencieux autour de lui, | Silencieux tout autour |
dans ses yeux, le vide profond. | et dans ses yeux, un vide profond. |
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Y était blond comme le pain, | Il était doré comme le miel |
comme le bois de la croix | comme une croix de bois |
et dormait le grand sommeil | et il dormait du grand sommeil |
dont on n' connaît pas la voix | dont on ne connaît pas la voix. |
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Je découvre tes années | Je redécouvre aussi tes années |
mal payées à la chaîne [*] | Mal payées à la chaîne |
de tes soucis quotidiens, | Sous tes ongles, il y a la peine |
dans les ongles y a de la peine. | De tes jours angoissés. |
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Esclave d'une Rome éternelle, | Esclave déjà dans la Rome éternelle |
puis racheté et affranchi, | Racheté comme affranchi |
on t'a libéré de la somme, | Ils t'ont libéré de ton fardeau |
on t'a ouvert à la faim | et t'ont ouvert à la faim. |
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Et tu as choisi cette rue, | Tu as choisi cette rue |
ses maisons et ses jardins, | ses maisons, ses jardins |
la pitié de la banlieue | la pitié des faubourgs |
a la même voix des enfants. | A la voix des bambins. |
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Et là tu te laisses vivre | Et tu passes ici ta vie |
ta vie connue par ton nez, | connue de ton nez |
découverte entre tes pattes, | découverte entre tes pattes |
chaque jour les mêmes choses. | chaque jour recommencée. |
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Là personne ne t'appelait, | Ici, personne ne t'appellait |
une caresse suffisait | mais il suffisait d'une caresse |
pour que tout l'amour s'affirme | pour que l'amour s'affirme |
et glapisse de certitude. | en jappements de certitude |
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Comme une vieille plante | Telle une vieille plante |
aux feuilles encore saines, | avec ses feuilles encore saines |
il y a ta présence sainte, | Ta présence serait sainte |
si saint peut être un chien | si un chien pouvait être saint |
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On t'à tiré à la tête | Ils t'ont tiré dans la tête |
là, dans le champ des enfants, | à la plaine de jeux, ici |
il était un samedi de fête | C'était samedi, c'était la fête |
même dans rue Montemartini. | à la rue Montemartini, aussi. |
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On t'a abattu pour la joie | Ils t'ont tiré pour jouer |
d'une piqûre d'héroïne, | Une intraveineuse d'héroïne |
c'est tout pareil à l'ennui | Un samedi en fin de matinée |
d'un beau samedi matin. | qui ressemblait assez à l'ennui |
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Quelqu'un a posé par terre, | Maintenant à côté de toi, par terre |
pour toi, un morceau de pain | Quelqu'un a mis un bout de pain |
c'est qu'à un chien mort en guerre | Peut-être qu'un chien mort à la guerre |
pourrait bien revenir faim. | Tôt ou tard, retrouve la faim. |
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Quelqu'un a posé par terre | Maintenant à côté de toi, par terre |
pour toi, aussi une fleur | Quelqu'un a mis aussi une fleur |
c'est qu'à un chien mort en guerre | Peut-être qu'un peu d'amour fait le bonheur |
ferait plaisir un peu d'amour | d'un chien mort à la guerre. |
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Quelqu'un a posé par terre, | Maintenant à côté de toi, par terre |
près de toi, aussi ton collier | Quelqu'un a posé ton collier |
c'est qu'à un chien mort en guerre | Peut-être que la mémoire peut combler. |
la mémoire pourrait suffire. | Un chien mort à la guerre. |
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[*] la chaîne du chien, ou la chaîne de montage des ouvriers de la rue. En effet, l'histoire de ce chien est aussi l'histoire des chiens humains qui habitent la rue. C'est une identification qui parcourt tout l'album.