Georges Brassens: Trompe la Mort
GLI EXTRA DELLE CCG / AWS EXTRAS / LES EXTRAS DES CCGOriginal | Chanson française – Le Testament – Georges Brassens – 1955 |
GEORGES BRASSENS: TROMPE LA MORT Avec cette neige à foison Qui coiffe, coiffe ma toison On peut me croire à vue de nez Blanchi sous le harnais Eh bien, Mesdames et Messieurs C'est rien que de la poudre aux yeux C'est rien que de la comédie Que de la parodie C'est pour tenter de couper court A l'avance du temps qui court De persuader ce vieux goujat Que tout le mal est fait déjà Mais dessous la perruque j'ai Mes vrais cheveux couleur de jais C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux Et si j'ai l'air moins guilleret Moins solide sur mes jarrets Si je chemine avec lenteur D'un train de sénateur N'allez pas dire "Il est perclus" N'allez pas dire "Il n'en peut plus" C'est rien que de la comédie Que de la parodie Histoire d'endormir le temps Calculateur impénitent De tout brouiller, tout embrouiller Dans le fatidique sablier En fait, à l'envers du décor Comme à vingt ans, je trotte encore C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux Et si mon coeur bat moins souvent Et moins vite qu'auparavant Si je chasse avec moins de zèle Les gentes demoiselles Pensez pas que je sois blasé De leurs caresses, leurs baisers C'est rien que de la comédie Que de la parodie Pour convaincre le temps berné Qu'mes fêtes galantes sont terminées Que je me retire en coulisse Que je n'entrerai plus en lice Mais je reste un sacré gaillard Toujours actif, toujours paillard C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux Et si jamais au cimetière Un de ces quatre, on porte en terre Me ressemblant à s'y tromper Un genre de macchabée N'allez pas noyer le souffleur En lâchant la bonde à vos pleurs Ce sera rien que comédie Rien que fausse sortie Et puis, coup de théâtre, quand Le temps aura levé le camp Estimant que la farce est jouée Moi tout heureux, tout enjoué J'm'exhumerai du caveau Pour saluer sous les bravos C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux | LE TESTAMENT Je serai triste comme un saule Quand le Dieu qui partout me suit Me dira, la main sur l'épaule "Va-t'en voir là-haut si j'y suis" Alors, du ciel et de la terre, Il me faudra faire mon deuil Est-il encore debout le chêne Ou le sapin de mon cercueil ? Est-il encore debout le chêne Ou le sapin de mon cercueil ? S'il faut aller au cimetière Je prendrai le chemin le plus long Je ferai la tombe buissonnière Je quitterai la vie à reculons Tant pis si les croque-morts me grondent Tant pis s'ils me croient fou à lier Je veux partir pour l'autre monde Par le chemin des écoliers. Je veux partir pour l'autre monde Par le chemin des écoliers. Avant d'aller conter fleurette Aux belles âmes des damnées, Je rêve d'encore une amourette Je rêve d'encore m'enjuponner Encore une fois dire: "Je t'aime" Encore une fois perdre le nord En effeuillant le chrysanthème Qui est la marguerite des morts. En effeuillant le chrysanthème Qui est la marguerite des morts Dieu veuille que ma veuve s'alarme En enterrant son compagnon Et que pour lui faire verser des larmes Il n'y ait pas besoin d'oignon Qu'elle prenne en secondes noces Un époux de mon acabit Il pourra profiter de mes bottes Et de mes pantoufles et de mes habits Il pourra profiter de mes bottes Et de mes pantoufles et de mes habits Qu'il boive mon vin, qu'il aime ma femme Qu'il fume ma pipe et mon tabac Mais que jamais – mort de mon âme Jamais il ne fouette mes chats Quoique je n'aie pas un atome Une ombre de méchanceté, S'il fouette mes chats, y a un fantôme Qui viendra le persécuter. S'il fouette mes chats, y a un fantôme Qui viendra le persécuter. Ici-gît une feuille morte Ici finit mon testament On a marqué dessus ma porte "Fermé pour cause d'enterrement". J'ai quitté la vie sans rancune J'aurai plus jamais mal aux dents. Me voilà dans la fosse commune La fosse commune du temps. Me voilà dans la fosse commune La fosse commune du temps. |