Sixteen Tons
Merle TravisVersion française – SEIZE TONNES – Jean Bertola – 1957 | |
Tes Seize Tonnes Tu charges tes seize tonnes, et qu’est-ce que tu en tires ? Encore plus de dettes, un jour en moins de vie ! Saint-Pierre soyez patient, je n’peux pas venir, Mon âme appartient à la Compagnie Les gens disent que l’homme a été fait d’argile Mais un pauvre homme est fait de sang, muscle et bile Muscles et sang, os et peau Un petit cerveau mais un dos costaud Tu charges tes seize tonnes, et qu’est-ce que tu en tires ? Encore plus de dettes, un jour en moins de vie ! Saint-Pierre soyez patient, je n’peux pas venir, Mon âme appartient à la Compagnie Je suis né de nuit sous un ciel sans étoiles J’ai marché vers la mine et ramassé ma pelle J’ai chargé dix-huit tonnes de gros charbon Le contre-maître a dit « Oh, nom de nom » Tu charges tes seize tonnes, et qu’est-ce que tu en tires ? Encore plus de dettes, un jour en moins de vie ! Saint-Pierre soyez patient, je n’peux pas venir, Mon âme appartient à la Compagnie Je suis né un matin sous une petite pluie fine Querelle et trouble sont mes deux prénoms Élevé dans la meute au fond de la mine Je suis féroce comme un loup, mais doux comme un mouton Tu charges tes seize tonnes, et qu’est-ce que tu en tires ? Encore plus de dettes, un jour en moins de vie ! Saint-Pierre soyez patient, je n’peux pas venir, Mon âme appartient à la Compagnie Mieux vaudrait t’écarter si tu me vois venir Celui qui ne le fait pas s’apprête à périr J’ai un poing de fer et l’autre d’acier Si tu échappes au gauche, le droit va te tuer Tu charges tes seize tonnes, et qu’est-ce que tu en tires ? Encore plus de dettes, un jour en moins de vie ! Saint-Pierre soyez patient, je n’peux pas venir, Mon âme appartient à la Compagnie | SEIZE TONNES Si l'homme est de la boue pour des tas de gens Il est pour moi fait de chair et de sang De muscles de fer, de cœur trop bon Avec deux épaules pour charger le charbon T'en fais seize tonnes, ça te donne quoi ? Un jour de plus vers quatre planches de bois La pelle chaque jour qui prend plus de poids Mais qui ferait vivre la mine sans toi ? Quand ta mère a déjà cinq gosses à nourrir Un de plus n'est pas pour lui faire plaisir Alors toi, tu bosses comme un lion Mais le chef a beau dire que tu es un champion T'en fais seize tonnes, ça te donne quoi ? Un jour de plus vers quatre planches de bois La crasse qui te ronge et durcit tes doigts Et le droit de te taire quand tu touches ton mois À force de te battre comme un damné L’envie te prend d’envoyer tout promener Mais il y a tous les rêves de tes copains Alors, tu la boucles, mais tu serres les poings T'en fais seize tonnes, ça te donne quoi ? Un jour de plus vers quatre planches de bois Et, pour te consoler de voir ce que tu vois Il y a l’idée que ton père l’a vu avant toi Mais, si toute la semaine, tu crèves en bas Le dimanche, enfin, tout le ciel est à toi Et dans tes draps blancs, dès ton réveil, Les yeux de ta femme sont comme deux soleils T'en fais seize tonnes, ça te donne quoi ? Un jour quand même où tu peux croire à la joie L’espoir d’une autre vie pour tes deux petits gars Et toute la mine qui pense comme toi |