La Locomotiva
Francesco GucciniFRANCESE / FRENCH [2] - Marco Valdo M.I. | |
LA LOCOMOTIVE | LA LOCOMOTIVE |
Je ne sais pas comment il était, ni comment il s'appelait, De quelle voix il parlait, ou de quelle voix il chantait, Combien d’années il avait vu à ce temps, S’il était blond ou s'il était brun, Mais son image à lui, dans moi elle est gravée, Un symbole de jeunesse et de beauté, Un symbole de jeunesse et de beauté, Un symbole de jeunesse et de beauté. | Je ne sais quel visage il avait, ni comment il s'appelait Avec quelle voix il parlait, avec quelle voix il chantait Combien d'années alors il avait vues, la couleur de ses cheveux Mais dans mon imagination, j'ai son visage, Les héros sont tous jeunes et beaux Les héros sont tous jeunes et beaux Les héros sont tous jeunes et beaux |
Mais je sais bien quand ça s'est passé, où il travaillait Au début de ce siècle, mécanicien de chemin de fer! Le temps où allait commencer La guerre sainte des gueux, Le train aussi semblait un mythe du progrès S’élançant sur les continents, S’élançant sur les continents, S’élançant sur les continents. | Je connais par contre l'époque des faits, quel était son boulot Les premières années du siècle, machiniste, cheminot Les temps où commençait la guerre sainte des miséreux Le train incarnait lui aussi le mythe du progrès Lancé à travers les continents Lancé à travers les continents Lancé à travers les continents |
Et la locomotive paraissait un monstre si violent, Que l’homme dominait de sa main et de sa ment, Elle abattait, en rugissant comme un lion, Des distances dont on ne voyait pas la fin! Elle semblait avoir une force maudite, La force même de la dynamite, La force même de la dynamite, La force même de la dynamite! | Et la locomotive paraissait un monstre étrange Que l'homme dominait par la pensée et de la main Tout en rugissant, elle laissait des distances infinies derrière elle Elle cachait en son sein un pouvoir démentiel La force-même de la dynamite La force-même de la dynamite La force-même de la dynamite |
Une autre grande force allait déployer ses ailes, C’étaient des mots disant: Tous les hommes ont la même loi, Et les tyrans, et le rois Dans les rues sautaient dans l’air! C’était l’éclat sans cesse de la bombe proletaire, Le flambeau de l’anarchie! Le flambeau de l’anarchie! Le flambeau de l’anarchie! | Mais une autre grande force alors déployait ses drapeaux Des mots qui disaient : « Les hommes sont tous égaux » Et contre les rois et les tyrans éclatait dans l'air La bombe prolétaire qui illuminait l'atmosphère Le flambeau de l'anarchie Le flambeau de l'anarchie Le flambeau de l'anarchie |
Tous les jours un train passait par la gare où il travaillait, Un train de luxe, il ne savait pas où il allait, Y voyageaient des gens de haut parage, Il les r’gardait d’un œil bien fou de rage En pensant aux jour pénibles de ses amis, de ses chers, En lorgnant ce train plein de millionnaires, En lorgnant ce train plein de millionnaires, En lorgnant ce train plein de millionnaires. | Un train tous les jours passait dans sa station Un train de luxe, à la lointaine destination Il voyait des gens respectés, il pensait, à ces ors, à ces velours Il pensait au jour maigre du peuple à l'entour Il pensait au train empli de messieurs Il pensait au train empli de messieurs Il pensait au train empli de messieurs |
Je ne sais pas pourquoi il prit cette décision, Peut-être, la rage ancienne de générations sans nom Qui crièrent vengeance En lui aveuglant le cœur! Il oublia sa pitié, il oublia sa bonté, Sa bombe était la machine à vapeur, Sa bombe était la machine à vapeur, Sa bombe était la machine à vapeur. | Je ne sais ce qui se passa,pour qu'il prit la décision Peut-être une ancienne rage, de générations sans nom, Qui hurlaient vengeance, lui creva le cœur Il oublia la pitié, il perdit sa douceur, Sa bombe, la machine à vapeur Sa bombe, la machine à vapeur Sa bombe, la machine à vapeur |
Et la locomotive dormait sur sa voie luisante Avec ses pulsation, la machine semblait vivante, Un jeune poulain, v’là ce qu’ell’ semblait, Après qu’ la bride on lui a laché, Mordant la raille avec ses muscles d’acier, Avec la force aveugle d’un éclair, Avec la force aveugle d’un éclair, Avec la force aveugle d’un éclair. | Et sur la voie se tenait sa locomotive Sa machine haletante semblait une chose vivante On aurait dit un jeune poulain qui à peine libéré Mordit le rail de ses muscles d'acier Avec la force aveugle d'un bélier Avec la force aveugle d'un bélier Avec la force aveugle d'un bélier |
Un jour comm’ tous les autres, peut-être avec encore plus de rage, Il pensait qu’il pouvait venger ce très injuste outrage; Bien qu’il fût à la peur en proie Il monta sur le monstre dormant sur la voie; Mais avant qu’il se rendait compte de ce qu’il avait fait déjà le monstre la plaine brûlait, déjà le monstre la plaine brûlait, déjà le monstre la plaine brûlait. | Et un jour comme les autres, mais avec plus de rage au corps Il pensa qu'il devait réparer quelque tort Il monta sur son monstre qui dormait encore, il chassa sa peur Et sans qu'il ait pu trop penser, à toute vapeur Le monstre dévorait la plaine Le monstre dévorait la plaine Le monstre dévorait la plaine |
L’aut’ train courait tranquille, presque sans hâte d’arriver, Personn’ n’imaginait q’ la vengeance était aux aguets, Mais à la gare de Bologne Arrivent des nouvelles alarmantes: "C’est un cas d’urgence! Faut pas perdre du temps! Un fou vient d’ s’élancer contre le train! Un fou vient d’ s’élancer contre le train! Un fou vient d’ s’élancer contre le train!" | L'autre train filait inconscient, sans trop s'en faire Personne n'imaginait d'aller vers la vengeance À la gare de Bologne, arriva la nouvelle à la vitesse de l'éclair « Avis de détresse, agissez en urgence Un fou est lancé contre le train Un fou est lancé contre le train Un fou est lancé contre le train |
Mais la locomotive court, court sans s’arrêter! Le siffle de vapeur se répandant dans l’air Semble qu’il dise aux paysans Courbés à leur travail sur le champ: "Mon frère, n’aie crainte! Je cours à mon devoir! Triomphe la justice proletaire, Triomphe la justice proletaire, Triomphe la justice proletaire!" | Mais entretemps fonce fonce fonce la locomotive Et siffle sa vapeur, on dirait une force vive Et aux paysans courbés sur la terre, le sifflet criait dans les airs Frères ne craignez rien, je cours là-bas faire Triompher la justice prolétaire Triompher la justice prolétaire Triompher la justice prolétaire |
Et la locomotive court, court plus vite encore, Et court, court, court, court à la mort, Et rien ne peut plus retenir L’immense force destructrice, Il n’attend que l’éclat et puis le manteau De la grande Consolatrice, De la grande Consolatrice, De la grande Consolatrice. | Et le train fonce, fonce, fonce toujours plus fort Et fonce, fonce, fonce, fonce vers la mort Et rien désormais ne peut retenir l'immense force destructrice Il n'attend plus que le fracas et que s'étende le manteau De la grande consolatrice De la grande consolatrice De la grande consolatrice |
L’histoire nous raconte la fin de ce voyage: La machine fut aiguillée sur une voie de garage. Avec son dernier cri elle érupta Comme un volcan sa lave elle jeta Et sauta dans le ciel, on alla le sécourir Avant qu’il n’ rende son dernier soupir, Avant qu’il n’ rende son dernier soupir, Avant qu’il n’ rende son dernier soupir. | L'histoire nous conte comment elle finit en épave La machine déviée sur une voie de garage Dans un ultime cri d'animal, la machine éructa lapillis et lave Explose contre le ciel, puis la fumée répandit son nuage On le recueillit qu'il respirait encore On le recueillit qu'il respirait encore On le recueillit qu'il respirait encore |
Mais nous voulons encor’ penser à lui derrièr’ le moteur Pendant qu’il fait courir la machine à vapeur! Encor’, qu’il nous arrive D’une locomotive La nouvell’ flamboyante qu’ell’ va quérir sa tombe Contre toute injustice, comme une bombe, Contre toute injustice, comme une bombe, Contre toute injustice, comme une bombe! | Mais il nous plaît de le penser encore debout derrière son moteur Tandis qu'il relance sa machine à vapeur Et que nous parvienne un jour à nouveau la nouvelle D'une locomotive , une vraie force rebelle Lancée comme une bombe contre l’injustice Lancée comme une bombe contre l’injustice Lancée comme une bombe contre l’injustice |