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Bisanzio

Francesco Guccini
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English version by Riccardo Venturi
BYZANCE

Ce soir aussi, la lune est sortie
Enveloppée d'une couleur trop rouge et vague,
On ne voit pas ce soir, elle s'est offusquée,
La pointe du stylo s'est brisée.
Quel horoscope, Mage, peux-tu tirer cette soirée ?
Moi, Philémace, médecin, mathématicien, astronome, peut-être sage,
Réduit comme un aveugle à tâtonner partout,
Je n'ai pas la connaissance ou le courage
Pour faire cet horoscope, pour deviner de réponse,
Je reste ici à attendre que revienne le jour.

Et je dois dire, je dois dire, que je suis trop vieux pour comprendre,
Que j'ai perdu mon esprit dans qui sait quel abus, ou quelle oisiveté,
Et les astres changent dans les nuits d'équinoxe.
Ou alors moi, alors moi, j'ai mésestimé ce nouveau dieu.
Je lis en moi et dans les signes que quelque chose change
Mais c'est un faible présage qui ne dit ni comment, ni quand...

Je m'en allais l'autre soir, presque machinalement,
Descendant vers le port de Bosphoreïon là où se perd
La terre dans la mer presque jusqu'au néant
Et puis redevient et ce n'est plus l'occident :
Qu'importe à cette mer d'être bleue ou verte ?
J'entendais les chants obscènes des ivrognes,
De gens au regard vide et peint...
Hippodrome, bordel et soldats nordiques,
Romains et Grecs, hurlez, où vous êtes partis...
J'entendais jurer en allemand et en goth...

Ville absurde, cité étrange de cet empereur marié à une putain,
De foules innombrables, de labyrinthes et de cruautés,
De barbares qui peut-être savent déjà la vérité,
De philosophes et d'hétaïres, suspendue entre deux mondes, entre deux ères...
Chance et âge ont décidé pour un jour pas trop lointain,
Où le destin voudrait qu'elle choisisse ma main, mais...

Byzance est peut-être seulement un symbole insondable,
Secret et ambigu, comme cette vie,
Byzance est un mythe qui ne m'est pas familier,
Byzance est un songe incomplet,
Byzance peut-être n'a jamais existé
Et j'ignore encore et une autre nuit s'en est allée.
Lucifer est déjà sorti, et s'est levé un peu de vent,
Il fait froid sur la tour ou c'est mon âge malade,
Je confonds vie et mort, je ne sais laquelle est passée...
Je me couvre la tête de mon manteau et je n'entends plus,
Et je m'endors, je m'endors, je m'endors...

BYZANTHIUM

So, even tonight the moon has risen
Drowned in too red, too vague a colour
Υou cannot see Vesper, it’s growing dark
The point of the stylus has broken
What horoscope can you cast tonight, Magician?

I, Philematios, archiater, mathematician, astronomer,
Maybe a sage, groping in the dark like a blind man,
I have not the knowledge, or the courage
To cast this horoscope, to divine an oracle
And I stay here waiting for the dawn to come...

And I must say, I must say that I am maybe too old to understand
That I lost my faith in no matter what abuse or otium
Or are the stars changing in the equinoctial nights?
Or, maybe I have underestimated this new god, for sure,
I feel, I see in the stars that something is changing
But it is only a sign that doesn’t tell me how and when..

On last evening I was walking almost unconciously
To the Bosphoreion harbour, where dryland does fade
In the sea and becomes a vague infinite
And when back on dryland, it's another continent,
And the sea doesn't matter if it was blue or green

I heard groups of drunkards singing absurd songs,
With their painted eyes, with their empty glances
A hippodrome, a brothel, soldiers from the North
Tell me, Romans and Greeks, where have you gone?
I heard bloody oaths in Alemannic and Gothic...

Strange city, absurd city of this emperor, bridegroom of a whore
Of countless mobs, of labyrinths, of impiety
Of barbarians who, maybe, do already know the truth
Of philosophers, of heterae, hanging between two epochs and two worlds
My wealth and age decided for a day not far to come
And then, fate would ask her that she would give me her hand, but...

Byzanthium’s maybe only an imperscrutable symbol,
Secret and ambiguous just like this life
Byzanthium is a world I’m not accustomed to,
Byzanthium is a dream not coming to an end
Byzanthium, maybe, has never existed
And I still don’t know. Another night has gone
Lucifer’s already risen, there’s a blow of wind,
It is cold on the tower or it’s my sick age
I can’t tell life from death, which of the two has gone
I cover my head with my mantle, I can’t hear anything more
And I fall asleep, I fall asleep, I fall asleep.



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