Le déserteur
Boris VianOriginale | RUSSO [1] / RUSSIAN [1] / RUSSE [1] |
LE DÉSERTEUR Monsieur le Président, Je vous fais une lettre Que vous lirez, peut-être, Si vous avez le temps. Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir. Monsieur le Président, Je ne veux pas la faire! Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens... C'est pas pour vous fâcher, Il faut que je vous dise: Ma décision est prise, Je m'en vais déserter. Depuis que je suis né J'ai vu mourir mon père, J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants; Ma mère a tant souffert, Elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes Et se moque des vers. Quand j'étais prisonnier On m'a volé ma femme, On m'a volé mon âme Et tout mon cher passé... Demain de bon matin Je fermerai ma porte. Au nez des années mortes J'irai sur les chemins. Je mendierai ma vie Sur les routes de France, De Bretagne en Provence Et je dirai aux gens: Refusez d'obéir! Refusez de la faire! N'allez pas à la guerre, Refusez de partir. S'il faut donner son sang, Allez donner le vôtre! Vous êtes bon apôtre, Monsieur le Président... Si vous me poursuivez, Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer. | DEZERTIR Počtennyj Prezident! Ja vam čerknul slovečko. Pročtite (nu, konečno, Koľ vydastsja moment). Včera ne (nu i nu!) – Povestka iz policii, Čto dolžen, mol, javiťsja ja Nemedlja na vojnu. Vsë v žizni pomnju ja: Kak moj otec končalsja, Kak s braťjami prošćalsja, Kak plakalo ditja I kak stradala mať. Eë už na svete, Ej na červej i əti Bombëžki naplevať Poka sidel v tjurme, Menja ženy lišili I dušu sokrušili. Vsë prošloe – vo ťme. A zavtra ja čuť svet Zaxlopnu dver’ xibary, Čërt s neju, s žizn’ju staroj, I net menja kak net. Kak nišćij pobrožu Po vsem dorogam Francii Bretanii i Provansy I ljudjam ja skažu: “My – ljudi, ne raby, Ne pušečnoe mjaso. My gibnem ponaprasnu, Ne dalo nam paľby!” Čto, krovi boľše net? Svoju i podarite. Už boľno vy xitrite, Počtennyj Prezident. Žandarmam, Vaša vlasť, Skažite, esli nužno, Čto ja veď bezoružnyj – Puskaj streljajut vslasť. |