Le déserteur
Boris VianFRANCESE / FRENCH / FRANÇAIS [2] - Marcel Mouloudji | |
Monsieur le Président, Je vous fais une lettre Que vous lirez, peut-être, Si vous avez le temps. Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir. Monsieur le Président, Je ne veux pas la faire! Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens... C'est pas pour vous fâcher, Il faut que je vous dise: Ma décision est prise, Je m'en vais déserter. Depuis que je suis né J'ai vu mourir mon père, J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants; Ma mère a tant souffert, Elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes Et se moque des vers. Quand j'étais prisonnier On m'a volé ma femme, On m'a volé mon âme Et tout mon cher passé... Demain de bon matin Je fermerai ma porte. Au nez des années mortes J'irai sur les chemins. Je mendierai ma vie Sur les routes de France, De Bretagne en Provence Et je dirai aux gens: Refusez d'obéir! Refusez de la faire! N'allez pas à la guerre, Refusez de partir. S'il faut donner son sang, Allez donner le vôtre! Vous êtes bon apôtre, Monsieur le Président... Si vous me poursuivez, Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer. Si vous me poursuivez prévenez vos gendarmes: que je serai en arme[s] et que je sais tirer. [1] | LE DÉSERTEUR Messieurs qu'on nomme Grands Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Messieurs qu'on nomme Grands Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Les guerres sont des bétises Le monde en a assez Depuis que je suis né J'ai vu mourir des pères J'ai vu partir des frères Et pleurer des enfants Des mères ont tant souffert Et d'autres se gambergent Et vivent à leur aise Malgré la boue de sang Il y a des prisonniers On a vole leur âme On a vole leur femme Et tout leur cher passé Demain de bon matin Je fermerai ma porte Au nez des années mortes J'irai par les chemins Je vagabonderai Sur la terre et sur l'onde Du Vieux au Nouveau Monde Et je dirai aux gens: Profitez de la vie Eloignez la misère Vous êtes tous des frères Pauvres de tous les pays S'il faut verser le sang Allez verser le vôtre Messieurs les bons apôtres Messieurs qu'on nomme Grands Si vous me poursuivez Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer Et qu'ils pourront tirer... |
dite ai vostri gendarmi:
che sarò armato,
e che io so sparare.
If you pursue me,
Warn your policemen,
That I will be carrying a weapon,
and that I know how to shoot.