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La bonne Justice

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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La bonne Justice

Chanson française – La bonne Justice – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 48

Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, I-IV)



Ah, Marco Valdo M.I. mon ami, la « bonne Justice », voilà un titre qui, en soi, est toute une histoire, tout un programme, toute une promesse, toute une exigence et si je ne me trompe toute une illusion et tout un mensonge. Forcément !

Quelle lucidité, Lucien l’âne mon ami, il serait bien que les hommes raisonnent comme ça. Il y aurait sans doute moins d’affrontements, moins de guerres. Cependant, ce n’est pas le cas et si c’est regrettable, il faut s’en accoutumer. Note pourtant que cette « bonne Justice » existe et c’est précisément ce qui permet à certains d’abuser de l’expression.
C’est un de ces abuseurs qui est le héros négatif de la chanson. Cet abuseur, ce rusé personnage, ce menteur sournois, c’est le chef du clan espagnol, le maître en répression, c’est Ferdinand Alvare de Tolède, ou Fernando Álvarez de Toledo y Pimentel, troisième duc d’Albe, Grand d’Espagne, duc de Huéscar, vice-roi de Naples, gouverneur des Pays-Bas, issu d’une grande famille de Castille. Ce duc d’Albe est commis par le Roi d’Espagne pour mater les Pays-Bas, coupables de vouloir récupérer leur indépendance et de punir ce foutu peuple qui ne pense qu’à la liberté et ne veut penser et vivre qu’à sa mode, comme on dit par ici, même si les opinions et les manières qu’on y trouve sont fort disparates et parfois même, assez opposées.

Tout cela est fort bien, dit Lucien l’âne. Toutefois, je pense que cette chanson est un épisode particulier de cette histoire de Till, le libre esprit et qu’elle comporte comme tous les autres épisodes, sa part d’anecdote, sa chair de récit. En bref, que raconte-t-elle ?

Lucien l’âne mon ami, tu as raison, elle raconte même plusieurs anecdotes. Disons, pour résumer, qu’elle comporte quatre parties. En premier, elle évoque la promesse de « bonne justice » et son application – l’arrestation des Comtes d’Egmont et de Hornes, ainsi que l’attitude prudente des autres Gueux. En deuxième lieu, elle relate la tentative d’enlèvement du Duc d’Albe par les conjurés et leur échec, suite à une trahison. En troisième lieu, Till et Lamme donnent l’alerte et sauvent la mise aux insurgés. La quatrième partie démontre la félonie espagnole que fut la décapitation des Comtes, qui étaient restés fidèles et faisaient confiance au souverain espagnol. Voilà pour l’anecdote ; sache que derrière tout ça, il y a la réelle folie de l’arrogant Philippe et également, son goût du pillage. Sans doute, Lucien l’âne, sais-tu que dans la coutume royale espagnole de ce temps-là, le Roi héritait des biens du condamné, hormis la part réservée au délateur. On y reviendra peut-être un jour, mais une telle pratique a littéralement ruiné des régions entières et elle fut une des raisons qui lancèrent dans la révolte des gens ordinairement pondérés. Je ne te dirai pas tout, car il faut laisser la chanson raconter l’histoire à sa façon.

Fort grand merci, Marco Valdo M.I. ; à présent, j’ai une idée plus claire de ce dont il est question.

Quelques mots encore, reprend Marco Valdo M.I., à propos d’Egmont et Hornes, les deux Comtes décapités, dont depuis longtemps et encore aujourd’hui, j’imagine, on a fait des héros – notamment, Schiller et Beethoven et d’autres encore dans les livres d’Histoire, qui apparaissent ici dans le rôle moins glorieux de traîtres. Mais, si on veut bien se souvenir qu’ils étaient des Gueux de la première heure, traîtres, ils l’ont objectivement été en abandonnant leurs « frères » au moment du combat et en n’opposant pas de résistance aux Espagnols, alors qu’ils étaient ceux qui en avaient les moyens légaux et militaires ; ils avaient les troupes qui tant manqué à la défense du pays contre l’invasion espagnole ; ils ont été les responsables des grands sacs et massacres qui vont suivre, l’armée espagnole d’Albe se payant en argent et en plaisirs sur le dos des populations. L’ironie du sort, c’est qu’en épousant la cause de l’Espagne, ils ont été immédiatement trompés (et même avant les épousailles) et trahis par leurs « alliés », qui les décapitèrent en grandes pompes, pour l’exemple.

Oh, dit Lucien l’âne, les gouvernements qui recourent aux punitions pour l’exemple sont des régimes peu recommandables. Enfin, tout ça est consternant ; alors, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde sournois, rusé, méchant, mauvais, menteur, traître et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Albe, douceur et pardon, a promis ;
Confiants, Egmont et Hornes ont obéi.
Déjà, les deux Comtes en prison sont mis.
Le Taiseux loin des griffes d’Albe a fui.

Par la voix du Procureur Dubois,
Par-devers lui, Albe ordonne à comparaître
Orange, Louis son frère, Berghes, tous à la fois
Et Culembourg, et Hoogstraeten, et Brederode et d’autres.

Albe promet bonne justice et pardon du Roi.
Les latitants ne s’y fient pas.
Ils disent : « Promettrait-il cent fois,
Qu’on ne resterait pas à portée de ses doigts. »

À Bruxelles, au Marché aux Chevaux,
On décapite les bonnes gens à tours de bras.
Les soudards espagnols mènent les enfants au bourreau.
Dirk Slosse a trahi et avec le Roi, héritera.

En bûcherons, Lamme et Till vont matin
Par la forêt de Soignes d’un bon pas,
Cueillir l’Albe au nid, à Ohain.
Huit cents cavaliers et piétons attendent là-bas.

Soudain, ils repèrent à travers les fourrés
L’armée du Roi marchant à grands pas
Pour secourir le Duc et tuer les conjurés.
Till et Lamme crient « Trahison ! » à pleine voix.

Tous fuient, sauf le sieur d’Armentières.
Pour tous, au Marché aux Bêtes,
De trente-sept coups de barre de fer
Jusqu’à sa mort, on le roue.

À Bruxelles, sur la Grand-Place en juin,
Au lieu du Marché aux Fleurs, un beau matin,
On dresse un noir échafaud
Et deux noirs poteaux.

Sur l’échafaud, une petite table ;
Sur la table, une croix d’argent,
Deux coussins noirs épouvantables
Pour les têtes de comtes encore vivants.

Au glaive, on tranche les têtes :
La tête d’Egmont, la tête de Hornes ;
Sur les poteaux, on les pique
Et le Roi hérite.

inviata da Marco Valdo M.I. - 25/5/2018 - 22:20




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