Lingua   

Le grand Krack

Eugène Pottier
Lingua: Francese




Le grand Krack est bien proche,‎
Mais la vaste sacoche
De tous les suceurs d’or,‎
Par le jeu d’une pompe,‎
Jusqu’à ce qu’elle en rompe,‎
S’emplit, s’emplit encor.‎

La masse qui turbine
Sèche dans la débine
Comme un linge tordu.‎
La pompe trouve à boire,‎
Dans sa misère noire,‎
Des gouttes d’or fondu.‎

Bientôt, montagne énorme,‎
Le Capital se forme
Du travail non payé.‎
La sacoche se gonfle
Et le piston qui ronfle
N’est jamais enrayé.‎

Tout coule en or liquide,‎
Le cerveau qui se vide,‎
La moelle de nos os,‎
Les gaz, les mers, les nues,‎
Les forces inconnues,‎
L’épargne des gogos !‎

Ce vol se perpétue,‎
Épuise et prostitue
Ce vieux globe gâté.‎
Humanité souffrante,‎
Cette pompe aspirante,‎
C’est la Propriété.‎

Mais tout a sa mesure.‎
Dans le sac de l’Usure
Se déclare un grand trou.‎
Où trouver un refuge ?‎
Crevant comme un déluge,‎
Il pleut un argent fou.‎

À bas tous les commerces,‎
Il tombe des averses
De coupons lacérés.‎
Et l’on voit — pertes sèches —‎
Voltiger en flammèches
Tous les papiers timbrés.‎

Bravo ! la Banqueroute,‎
Sur la Bourse en déroute,‎
Roule ses flots amers.‎
On voit grossir les ondes,‎
Les forbans des deux mondes
Sombrent au fond des mers.‎
‎ ‎
Au feu les budgets ivres !‎
Les Banques, les grands livres
S’embrasent à la fois.‎
Le ciel en devient rose,‎
Et cette apothéose
Ébahit les bourgeois.‎

Que peuvent-ils répondre ?‎
Le sol craqué et s’effondre
Sous leurs pas effarés ;‎
Et sur terre commence
La farandole immense
Des forçats libérés !‎



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